Une partie du monde était morte. Je m'y suis aventuré, les routes et les chemins n'avaient pas les mêmes couleurs, tout était abandonné, les constructions semblaient agressives comme si elle avaient gagné une conscience ou qu'un esprit maléfique les habitait. Je ne sais pourquoi je m'aventurais de ce côté du monde, j'avais eu la chance d'être épargné alors que j'étais seulement quelques mètres plus loin. Je voulais peut-être retrouver quelque chose, je ne sais pas quoi, mais j'ai pris peur lorsque des loups hurlants façonnés de racines tordues vinrent à ma rencontre. Leurs cris ressemblaient à une douleur humaine.
J'ai fui, je ne croyais pas m'être enfoncé si loin dans la dévastation, dans la peur, dans le passé. Lorsque je parvins enfin là où je croyais retrouver la sécurité et mes certitudes, le ciel était devenu marron avec des nuances noires et pourpres. Des éclairs passaient de nuage en nuage, entourant comme une photographie en sépia, tes mains, au milieu de ce ciel, illuminées par la fureur électrique, apaisant peut-être les esprits en colère.
J'ai fui, encore plus loin, là où j'aurais pu tout oublier. Mais tout ces souvenirs ne me quittaient pas, me contraignaient à l'angoisse, et les loups chaque soir avant que je m'endorme, me lacéraient la poitrine. Rien n'était fini, tout restait à oublier même en ces lieux inconnus, les esprits étaient nichés en moi, effaçant tout espoir de les extirper par la frivole rêverie de la fuite.
Comme ultime remède, je me suis plongé dans des quêtes improbables de savoir, de trésors et tant d'autres choses simplement pour que les démons s'apaisent. Ils ne me lacèrent plus la poitrine désormais, mais chaque nuit j'ai peur que tes mains viennent rejoindre les miennes.