Pour la sixième fois, les Etoiles du Sport vont réunir à La Plagne (du 16 au 21 décembre) vingt duos parrain-filleul. Placée sous le signe du partage, de l'amitié et du plaisir, cette expérience devrait permettre à 40 sportifs de mieux se connaître. Septuple champion du monde, légende du biathlon et récent retraité, Raphaël Poirée sera accompagné à La Plagne par l'espoir Martin Fourcade. Entretien.
« Raphaël Poirée, comment êtes-vous devenu un parrain aux Etoiles du Sport ?
J'avais déjà été contacté plusieurs fois pour le rendez-vous de La Plagne mais c'était difficile pour moi d'accepter car cette semaine fin décembre tombait en plein milieu de la saison de biathlon. Florence Masnada m'a de nouveau proposé de venir cette année avec un espoir et j'ai accepté volontiers.
Quel espoir allez-vous encadrer lors de l'événement ?
Il s'agit de Martin Fourcade, le petit frère de Simon qui est déjà en équipe de France. C'est l'un des meilleurs espoirs du biathlon. Il a 19 ans, il est licencié à Villard de Lans dans le Jura. Il commence à réaliser quelques perfs, avec des podiums en Coupe d'Europe et une médaille de bronze en relais aux derniers championnats du monde. Il a un énorme physique, mais il faut encore le poser. J'espère pouvoir lui apprendre cela pendant notre semaine à La Plagne. Pour réussir, il faut beaucoup travailler et être extrêmement structuré.
Quand vous avez commencé votre carrière, aviez-vous un modèle ou un champion qui vous a servi de parrain ?
Non, je n'ai pas eu cette chance. Je suis arrivé en équipe de France dans une période de transition entre plusieurs générations. Dans le biathlon, je me suis vraiment fait tout seul. Mes modèles en fait n'étaient pas dans le biathlon : j'admirais la perfection du geste de Carl Lewis, l'attitude d'Ari Vatanen avec son verre de lait sur les podiums pendant que les autres étaient au champagne. Ce sont des images qui m'ont suivi tout au long de ma carrière.
Qu'est-ce qui vous a permis de progresser pour devenir un des meilleurs biathlètes au monde ?
J'ai toujours continué à apprendre. J'ai été notamment marqué par la culture scandinave, en premier chez mon épouse [Liv Grete Poirée, 7 titres mondiaux, ndlr]. Ils ont un toucher de neige particulier et une hygiène de vie exemplaire. J'ai été chercher à gauche et à droite, regarder dans les autres sports pour voir ce qui se faisait. J'ai ainsi travaillé avec Véronique Billat, une préparatrice en athlétisme ; je me suis entraîné avec des spécialistes du tir de précision. Tout cela donne à réfléchir.
L'échange avec les sports, comme cela sera le cas à La Plagne, est-il important ?
Le monde du biathlon est assez petit, un peu fermé. Moi, je suis quelqu'un de très ouvert et j'ai toujours aimé les échanges. On peut apprendre de tout.
Vous avez arrêté la compétition cette année. Quel rôle allez-vous tenir avec les jeunes biathlètes français ?
J'ai conscience que mon image peut être utile à la discipline, notamment pour attirer de jeunes licenciés. En France, on n'a pas cette culture de masse du ski nordique comme en Norvège ou en Allemagne. Je ne suis pas un showman mais quand ça peut aider, je suis là. On m'a proposé aussi d'accompagner l'équipe de France même si je ne sais pas quelle forme cela va prendre. Quand j'étais encore en équipe de France, j'ai un peu pris sous mon aile Simon Fourcade. Je suis toujours là quand il demande des conseils ou une aide ponctuelle. J'ai envie de transmettre ce que j'ai appris, en termes de technique, de mental. J'ai tellement de choses à raconter.»
Par Anthony THOMAS pour l'équipe