Le temps de tourner la tête
et déjà tu n’es plus la même.
La bête qui bouge en toi,
qui te parcourt, qui t’occupe,
flairant le jour au bleu des veines,
tramant la nuit au creux des reins,
la bête obscure a bronché.
Elle se fige, elle a vieilli.
A peine si je reconnais
le jeune masque de neige
sur la rive dévastée.
Entre mon corps et l’étrangère
qui dérive à mon côté,
s’épaissit le cri de la mer.
(Jean Joubert)