Le guetteur tendu contre la nuit
pressent un dieu sous la muraille
où conspire un sommeil d’oiseaux.
Il caresse l’arme inutile,
rosaire de sa peur,
pour conjurer une invisible proie.
Contre son corps se glisse
le gel aux seins menus
qui l’embrasse et le lie
alors que monte des marais
par les degrés de brume
l’odeur violente de la mort.
L’aube enfin, l’éclatement
des pavots et des cris!
Décue, l’archer funèbre,
Orion pâlit.
Mais le jour rend au guetteur
un masque étroit de fourmi.
(Jean Joubert)
Illustration: Daniel Cuq