DONK, ou la preuve par trois que les chiens ne font pas des chats, mais des ânes.
1967 : Bolton est en fête ! La petite ville industrielle du Nord Ouest de l'Angleterre célèbre en grandes pompes son jumelage avec Le Mans, dans la Sarthe. Une fois le ruban coupé, les knacki ball gobées et la bière tiède avalée, les deux villes sont officiellement jumelles. Leur ressemblance est troublante : un taux de chômage non négligeable, une passion commune pour le sport automobile, une situation géographique au carrefour de rien, et une abondance de journaux gratuits sur la culture club local en distribution libre dans tous les salons de coiffure de leur centre ville.
1983 : C'est une Angleterre en pleine ébullition que découvrent Bruno et Chantal, de la classe de seconde D du lycée Gabriel Touchard, les premiers lycéens Manseaux en échange à Bolton. Le Blue Monday de New Order squatte les ondes FM, les premiers compact disques font leur apparition et les jeunes du coin sortent tous le samedi soir à l'Hacienda, le club mythique de Manchester situé à 45 min de voiture de là.
La nourriture n'est certes pas bonne, mais Bruno et Chantal s'intègrent très vite au milieu de leur petits camarades. D'ailleurs, d'après leur conseiller d'orientation et Madame Boudet, la responsable des parents d'élèves, l'échange est un véritable succès. Les deux villes s'apprêtent maintenant à passer le cap des années 90 main dans la main.
2010 : Les premiers échanges ont porté leurs fruits et les nouvelles générations de Boltonais ont le Mans dans le sang. Il sont à peine majeurs mais ont pour la plupart abandonné leur virginité un soir de Coupe du Monde sur le parking du Seven Eleven avec la grande soeur de leur voisin. Ici, les cheveux sont coupés courts, les joggings synthétiques sont légions et beaucoup pensent que c'est dommage qu'Ali G soit basané, parce qu'il est quand même très marrant. Voila un peu le topo…
Si le Mans à généreusement légué au patrimoine français les rillettes et Steevy, Bolton, assez réservée jusqu'à présent, est devenue en quelques mois la Mecque de la DONK.
La DONK c'est quoi ? Des lads en overdose chronique de testostérone qui rappent sur des morceaux de hard house genre pumpin' pumpin'. Comme si les frères trisomiques de Dizzie Rascal faisaient les MC sur des morceaux d'Yves Deruyter. Ca va vite, très vite, pas forcement très loin, mais ça tape fort.
Cette micro scène est née dans les club locaux : les gamins montaient dans la cabine du DJ, s'emparaient du micro et rappotaient par dessus les morceaux. La sauce a pris et les premiers producteurs commencent à faire leur apparition. Les soirées DONK fleurissent à droite à gauche, recouvrant les murs et le comptoir des bars d'affiches et de flyers mêlant Objets Word Art Psychédéliques version Windows 1995, relents de camouflage militaro pouet pouet et lexique dance music.
Si ça t'est déjà arrivé d'entendre ta Maman s'approcher de ta chambre alors que t'étais total nu sur ton plumard en train de te caresser le poireau et que tu as opté pour continuer à te pogner parce que t'avais le jus de couilles qui bouillonnait brutal plutôt que de jouer la sécurité en rangeant ton p'tit bout pour pas te faire griller, et bin la DONK est faite pour toi.
Un article proposé par Bruce la Secousse.