C’est le titre d’un article, publié vendredi dernier dans la célèbre revue Science. En effet, vendredi dernier, le biologiste et homme d’affaire américain John Craig Venter et son équipe ont annoncé la naissance d’une bactérie au génome synthétique. C’est-à-dire la création d’une cellule vivante, avec un génome de synthèse : une première dans l’histoire des sciences. Concrètement, ils ont synthétisé chimiquement un génome de bactérie, grâce à des machines spécialisées et à partir d’un modèle naturel ayant été séquencé, puis ont réinjecté le chromosome bactérien ainsi reconstitué dans un mycoplasme (Mycoplasma capricolum, qui infecte les chèvres) débarrassé de son propre génome. Et la cellule ainsi créée a fonctionné, s'est reproduite et a formé des colonies…
Ces travaux, réalisés par une équipe de 24 chercheurs, ont effectivement conduit à la création de bactéries, dont le patrimoine héréditaire a été construit par synthèse informatique et chimique, bactéries qui sont aujourd'hui « naturellement » capable de se diviser pour se reproduire. Les auteurs rapportent dans l’article « la conception, la synthèse et l'assemblage de 1,08 Mb (Mb = méga base = 10*106 bases) du génome Mycoplasma mycoides JCVI-syn 1.0, numérisés à partir des informations sur la séquence du génome et sa transplantation dans un Mycoplasma capricolum, cellule receveuse, pour créer de nouveaux Mycoplasma mycoides, cellules qui sont contrôlées uniquement par le chromosome synthétique. L'ADN présent dans les cellules n'est que de l'ADN conçu par synthèse y compris (...) les polymorphismes et les mutations acquises au cours du processus de construction. Les nouvelles cellules ont les propriétés phénotypiques prévues et sont capables d'autoréplication. » Selon John Craig Venter « Il s'agit de la création de la première cellule vivante synthétique au sens où celle-ci est entièrement dérivée d'un chromosome synthétique ». Autrement dit nous assistons à la première vie synthétique de l’histoire de la biologie, pouvant se reproduire.
Cette découverte scientifique d’ampleur est cependant accueillie différemment selon les publics : alors que certains y voient un prodige scientifique sans précédent et la première démonstration que l'homme peut non seulement maîtriser la vie, mais la créer de ses propres mains, comme Philippe Marlière (Vidéo interview ici), généticien, conseiller du directeur des sciences de la vie au Commissariat à l'énergie atomique et impliqué dans la prochaine création d'un centre européen sur ce sujet au Génopole « Ces travaux sont extrêmement importants. Pour nous, c'est comme l'invention de la presse pour imprimer par Gutenberg ou la première réaction contrôlée en chaîne de la fission nucléaire par Enrico Fermi », d'autres s’inquiètent de la portée et l’utilisation qui sera faîte de cette découverte. Car si ces travaux permettent une meilleure compréhension du monde génétique, ils ouvrent également la voie à la création de nouvelles espèces « artificielles », génétiquement modifiées.
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