Le mode de financement des comparateurs de prix est au cœur du problème. En mars 2000, l'effondrement de la bulle Internet et des parts de marché de la publicité en ligne obligèrent les comparateurs de prix à créer des partenariats nouveaux avec les boutiques en ligne. Le référencement de produits et l'apport de visiteurs devint payant. Voici un tour d'horizon du business model de ce type de service ecommerce.
L'adhésion payante des magasins interrogés par le robot
Ce type de rémunération est difficile à mettre en place, car cela induit qu’il y a une place importante dans le processus d’achat des internautes. De plus, elle pose une réelle difficulté, car la richesse de ce type de service se repose essentiellement sur le nombre de sites référencés.
L'intéressement sous forme de commission
Il s’agit de la forme la plus courante de financement, le versement de la commission variable selon les produits s’effectue lorsqu’un achat est consécutif à une recherche sur le shopbot.
Le programme d'affiliation offre généralement un des trois types de rémunérations suivants :
Paie par clic
Fonctionnement :
L'affilié place un lien sur son site qui envoie le visiteur sur le site marchand. Ce dernier paie un montant fixe pour chaque visiteur qui provient de ce lien.
Points forts :
L'affilié n'a qu'à se soucier du trafic qu'il envoie vers le site marchand, ce qui représente bien peu d'effort de la part de l'affilié.
Points faibles :
La rémunération est généralement très basse. Ce n'est pas très payant, car l'affilié perd un visiteur durement gagné pour une maigre rémunération. Cela dépend du nombre du volume du trafic, plus il sera important plus il y aura une rémunération.
Paie par lead
Fonctionnement :
L'affilié reçoit un montant fixe pour chaque lead qu'il envoie au marchand. Un lead est une transformation gratuite d'un simple visiteur en "membre" chez l'annonceur. Le marchand considère qu'il a un lead lorsque le visiteur laisse ses coordonnées sur son site.
Points forts :
La rémunération est généralement plus élevée que dans le cas paie par clic.
Points faibles :
Le visiteur n'aime pas toujours laisser ses coordonnées au marchand. Il doit pour cela avoir une grande confiance en ce marchand.
Paie par vente
Fonctionnement :
L'affilié place un lien sur son site qui envoie le visiteur sur le site marchand. Ce dernier paie un pourcentage sur chaque vente faite par le visiteur.
Points forts :
La commission peut être très élevée, parfois jusqu'à 50% du prix de vente.
Points faibles :
Il n'y a pas vraiment d'inconvénient. Il faut seulement choisir judicieusement les programmes d'affiliation qu'on ajoute sur notre site pour faire de l'argent. Si vous choisissez un site marchand sans rapport avec votre site, vous vendrez peu, et ferez donc peu d'argent.
La vente d'espaces publicitaires
Si ces outils rencontrent le succès escompté, le nombre de pages vues pourrait être très important et l’espace.
La revente de technologie
Certains acteurs américains revendent leur technologie à de gros acteurs du web qui l’utilisent à des fins de veille concurrentielle pour opérer de relevés de prix sur les sites concurrents (l’accès aux bases de données se fait alors sans autorisation du site marchand).
En conclusion
Pour conclure sur le modèle économique des comparateurs de prix, nous pouvons dire qu’il peut y avoir des dérives commerciales :
La valeur du service pour l’utilisateur repose sur la neutralité du shopbot dans la prise en compte et l’affichage des données. Des impératifs financiers pourraient parfois venir "troubler" ou remettre en cause cette neutralité à l’égard de certains annonceurs ainsi le robot limitent leurs investigations aux bases de données de quelques boutiques souscrivant à leurs services moyennant rémunération. Le shopbot se laissant aller à de tels travers prendrait cependant des risques de crédibilité très importants.
De plus, lorsque l’interrogation de bases marchandes ne se fait pas en temps réel, ceux-ci peuvent être éventuellement tentés de faire varier ponctuellement leur prix pour apparaître en bonne position sur les classements.
Durant le quatrième trimestre de l'année 2006, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a réalisé une enquête ayant pour objet de vérifier la transparence de l'offre apportée par les sites comparateurs de prix. Dans ces conclusions, l'agence regrettait d'avoir trop souvent rencontré un manque d'information sur l'origine des données et parfois la mise en avant des offres de partenaires commerciaux. De plus, cette enquête a mis en avant des problèmes de mise à jour des bases de données engendrant des erreurs de prix, l'insertion dans les listes de résultats de produits ne correspondant pas à la demande ou encore le passage sous silence des conditions de vente des sites (frais de transport, délais de livraison, conditions de garantie...).
Mais tout semble montrer qu’il peut y avoir une réelle volonté de servir le consommateur. Ainsi, Kelkoo a annoncé sa volonté de dépasser le modèle classique de l'outil de comparaison affichant les prix de ses affiliés pour devenir un guide d'achat exhaustif et informatif. Cette évolution rejoint la demande du cyberconsommateur pour une plus grande quantité d'informations. Ainsi, de nombreux comparateurs de prix ajoutent aux fiches produites de leurs partenaires des données glanées sur la toile par des robots.