Parler politique, encore ?... Pas vraiment le moment ? C'est bien possible...
Et pourtant des choses "politiques", ces derniers temps, on en a entendu, non ? "Identité nationale"... Bessonneries en tous genres... Minarets de Suisse, burqas de France... Laïcité... Pure, très pure, laïcité... Plus pure que pure, religieusement pure... Et si bien niquée par la rue !... Hume-pèteries musicales, lip-daubes recuites... Copenhague, ses bouffées de chaleur à l'entrée de l'hiver, Nicolas-Cassandre et ses Huloteries de Télégénie... Martine et ses amis, Ségolène et ses ennemis, Dominique et son FMI, la SFIO et ses gloires d'avant-garde, ses conquérants, partis quérir leur destin étoilé... Marine en embuscade, verbe aussi haut que le père, sans les postillons... Evoquera-t-on le retour des Hesse d'Eheff, cette vieille famille d'aristocrates de caniveaux, en pleine transhumance hivernale ? Souffreteux comme toujours, ceux-là, pas bien solides aux premiers frimas... Non, pas vraiment politique, ça... Affaire de préfet, et de curé, basta ! La réforme des "collectivités territoriales" ? Ça d'accord, politique ça. Et puis aussi la constitution des listes pour les prochaines élections régionales : Marie Bové sacrée fille de son père selon l'antique règle de transmission féodale, comme les Sarkozy à Neuilly ; Olivier de la Poste, le chevalier translucide coincé dans sa tour d'ivoire prolétarienne ; Gros-Frêche en Septimanie, sa propriété privée, menant comme un seul homme sa liste de harkis... Et Frédéric Lefèbvre à la télé... Et puis surtout, encore et toujours, Nicolas S. à la télé... Nicolas S. à la télé... Nicolas S. à la télé... Et même Nicolas Ceaucescu à la télé – commémorons Kameraden ! Commémorons la chute du Conducator, et de tous les autres ducteurs au knout plombé...
Alors, vous ne voudriez pas qu'on parle politique ? Tout ça parce que le petit Jésus pointe le bout de son auréole ? Mais nom de D... c'est le moment ou jamais ! Bien sûr que si, pour mieux vous engueuler avant la dinde aux marrons ! Tenez, si vous manquez de base, voici d'excellentes munitions : "Qu'est-ce que la politique ?" de Julien Freund, au Seuil (collection P). Ça n'est pas tout neuf : 1965. Mais pour remettre les idées en place, les idées générales, essentielles, premières, sur ce qu'est la politique, ce très beau mot salopé, c'est parfaitement actuel, sans une ride. Julien Freund était agrégé de philo ; il a été prof de lycée et de khâgne, puis en fac à Strasbourg. Il était, notamment, spécialiste de Max Weber. Un caractère, en plus ! Ce petit livre (186 pages) se lit aisément malgré sa densité ; il s'agit de la version "grand public" d'une partie de sa thèse de doctorat, publiée en trois volumes aux éditions Sirey sous le titre "L'Essence du Politique". Mais ce travail de "vulgarisation" n'a rien de vulgaire, au contraire. Pour ceux qui en ont marre d'entendre débiter à longueur de journal télévisé, ou de lire au fil des colonnes de presse, ces perpétuels embrouillaminis entre morale, politique, valeurs, droit, force, bons sentiments, ce brouet infécond et grumeleux avec lequel on tâche de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, rien de plus salutaire que cet ouvrage clair et précis. Vous avez encore le temps de le lire avant la fin de l'année. Pour mieux vous engueuler la bouche pleine au prochain réveillon.
Je vous souhaite une très bonne adoration du Mystère de l'Incarnation. Ambdulillah ! Et que Dieu vous aime !