Magazine Journal intime
Il y a des jours où on se dit forcément : qui suis-je, moi qui ait encore un toit au-dessus de ma tête ? Suis-je meilleure que ceux-là qui périssent sous les décombres, qui attendent un hypothétique secours, couchés dans des gravats ? Que pouvons-nous dire, nous autres qui avons couché dans la chaleur et la douceur de notre lit, face à la catastrophe survenue en Haïti ? *** On mesure combien notre vie est peu de chose ! Eteinte du jour au lendemain comme on éteint d'un léger souffle la flamme d'une bougie. La nature s'amuse à rire de la prévoyance, de l'intelligence, de l'insouciance, de l'incroyance de l'homme. J'ai entendu ce soir aux informations que le "mauvais choix" des Haïtiens en matière de construction aggraverait la situation ! Vraiment ? Pourquoi l'homme aime-t-il toujours mettre une dose de logique, une goutte de science, un filet de maîtrise technologique dans ce qui échappe à toute logique, à toute maîtrise humaines ? Ne suffit-il pas à Dieu de souffler légèrement au-dessus de nos têtes pour que la panique et le malheur soient notre partage ? *** Ce qui frappe, ce qui fait mal, c'est la soudaineté de la catastrophe qui écrase toute tentative pour y échapper. Ceux qui ont survécu ou ont échappé de justesse à la tragédie n'ont que le mot "chance" pour expliquer le fait d'être encore en vie. Combien de catastrophes ont ainsi écrasé l'humanité, en prenant le soin de laisser quelques témoignages ou quelques vestiges dans la mémoire d l'homme ? *** En 79 après Jésus-Christ disparaissait Pompéi, ainsi que deux autres villes romaines, sous la lave du Vésuve. Pierres, Lave, cendre, boue, de plusieurs mètres d'épaisseur constituèrent le cercueil dans lequel elles furent ensevelies, jusque vers le XVIIe-XVIIIe siècle, date de leur redécouverte. On peut visiter aujourd'hui cette cité figée par la cendre, avec les corps des habitants, dans la position où ils furent surpris... *** Dans le quotidien Métro de ce jeudi 14 janvier, on pouvait aussi lire, après les pages consacrées au Désastre en Haïti, une interview du "roi du polar" américain James Ellroy. En voici un extrait : Vous considérez-vous comme un génie ?Oui. Je suis un génie car j'ai écrit des livres que personne n'aura l'intelligence ou le talent d'écrire. Mes ouvrages sont d'une complexité inégalable.Y-a-t-il une phrase que vous puissiez dire en français ?Non... Ah, si : "Après Ellroy, le déluge !".www. metrofrance.com