Derrière les parcours individuels, quelles similitudes ? Quelles différences ? Comment les Etats occidentaux réagissent-ils face à ces flux migratoires ? Voilà des questions auxquelles Gaston-Jonas KOUVIBIDILA se propose de répondre dans La Fuite des Cerveaux Africains, ouvrage sous-titré Le drame d'un continent réservoir, qui vient de paraître chez L'harmattan.
« De toute manière, à cause de la misère et de la pauvreté grandissantes dans les pays du Sud (notamment en Afrique), des crises politiques à répétition et du réchauffement de la planète, pour lesquels le Nord est en grande partie responsable, n'en déplaise à ceux qui n'y voient que victimisation alors que c'est la vérité, la France sera obligée, si elle veut encore faire partie du club des grandes puissances d'ici à 2050, de ne plus prendre des lois aux relents nationalistes, qui font fi de la mondialisation qu'elle appelle d'ailleurs de ses vœux sur le plan commercial. La confusion faite par le président Sarkozy, le 23 avril 2008 dans son interview télévisée, entre la régularisation que demandent les sans-papiers, qui travaillent et payent des impôts, et la naturalisation, qu'ils ne demandent pas, en dit long et semble dénoter une navigation à vue inquiétante, malgré ses affirmations péremptoires. » (La fuite des cerveaux africains, p. 75) Tous les gouvernements, malgré les différences, tendent vers la politique de l'immigration choisie, ce qui a des conséquences dramatiques pour l'Afrique dont le sous-développement s'accentue. La fuite des cerveaux apparaît, non plus seulement comme une conséquence du sous-développement, mais également comme une de ses causes. Cela est très palpable dans le domaine de la santé : espérance de vie réduite, mortalité infantile importante par exemple sont des maux qui sont entretenus par le manque de personnel soignant qualifié. En l'absence de conditions de travail adéquates, les infirmiers et médecins préfèrent aller exercer à l'étranger. Que la politique menée par les pays occidentaux creuse le sous-développement en Afrique est une chose, mais les dirigeants africains sont mal placés pour incriminer sans cesse l'occident, car ils sont tout autant responsables, sinon plus. Parmi les causes qui génèrent l'immigration, on peut citer par exemple : « instabilité des régimes et des institutions administratives, insécurité des biens et des personnes, persécution des intellectuels ou des opposants pour leurs idées, pauvreté, corruption généralisée, etc. » (p. 183)Gaston-Jonas KOUVIBIDILA propose des solutions. En effet, de part et d'autres, des choses pourraient être faites pour endiguer la ''fuite des cerveaux''. Dans les pays de départ, créer les conditions pour encourager à rester sur le territoire ou à y revenir. Certains pays comme le Maroc, l'Ethiopie, le Nigéria… l'ont déjà tenté. Au niveau des pays d'accueil, « mettre en place des visas à entrées multiples favorisant la circulation des cerveaux » (p. 185) entre autres. Parmi les solutions proposées par l'auteur, un accent particulier est mis sur la diaspora africaine, vue comme un « vivier de compétences » (P. 199) « Les membres de la diaspora réfléchissent à des formes de retour possibles pour contribuer au développement du continent africain, en convertissant leur savoir en capital économique. Aujourd'hui, plus qu'hier, ces Africains sentent qu'ils ont une mission vis-à-vis de l'Afrique : faire quelque chose, en urgence. » (p.203) Mais il faut signaler les difficultés rencontrées par ceux qui veulent investir dans leur pays d'origine, monter des projets là-bas, et cela commence par « la jalousie d'un ami, d'un voisin ou d'un membre de la famille, qui a tout raté dans sa vie, et capable de pires choses pour provoquer l' échec du projet. (p. 205)
Bref, voici un livre qui questionne et met en question l'immigration ou plutôt la fuite des cerveaux.
G.J. Kouvibidila, La fuite des cerveaux africains, L'Harmattan, décembre 2009, 274 pages. 24,5 €.