Entendez, dans cette campagne électorale victime du virus des enquêtes (“l’encuestitis”), les chiffres des sondages en particulier ceux de la troisième place. Il y a quelques semaines, alors que la candidate Noémi Sanin se maintenait encore dans le tiercé gagnant, il n’avait d’yeux que pour l’électorat conservateur, à qui il envoyait des signes concrets (entre autres sa fermeté à l’égard de la guérilla et sa profession de foi catholique), rejetant même durement toute alliance avec Petro (voir l’explication sur ce post), chef de file de la gauche colombienne qui émettait l’idée d’une alliance au second tour.
"Je dis une chose..puis je dis le contraire". Mockus caricaturé par Matador dans El Tiempo.
Hier, au lendemain de l’enquête de Datexco révélant l’ascension de Petro dans les intentions de vote, il a fait volte-face en affirmant à la radio Caracol le contraire. «Il me paraît un bon candidat, avoue-t-il maintenant, qui se concentre sur le thème de l’injustice sociale. ». « Nous avons en commun la lutte contre les mafias régionales » a-t-il ajouté, précisant que selon lui, la victoire du candidat au sein de son parti signifie sa prise de distance avec les Farc.
Ces volte-faces presque permanentes vont finir par donner le tournis à ses électeurs les mieux disposés à son égard. Certes le « vote d’opinion » comme on l’appelle ici se distingue de la discipline de parti, certes, il se veut un candidat « transpartis », par-delà la division traditionnelle entre conservateur et libéraux, droite et gauche. Mais après avoir tenté de s’exclure du système, il cherche maintenant à inclure toutes les partis dans son alliance. Tâche difficile, voir impossible, sans un programme clair et un discours cohérent.
Avec cette « stratégie » pour le moins déroutante, il risque de faire une erreur de calcul : soustraire au lieu d’additionner. Pour un mathématicien de son niveau, ce serait le comble à une semaine de l’échéance électorale.