En effet, au vu des dernières enquêtes (Santos 34 % – Mockus 32% ici, ou Mockus 38% – Santos 37% là) avant la date du scrutin et la trêve des sondeurs, l’hypothèse d’un « match nul » au premier tour et d’un duel serré au second entre les deux principaux candidats se maintient et les oblige à la conquête du centre et des indécis (environ 7%) au-delà de leurs partisans respectifs, seul moyen de ramasser des voix afin de faire la différence le 30 mai prochain, voir de gagner quelques points pour le 20 juin.
C’est sans doute la raison pour laquelle Juan Manuel Santos a fait l’éloge de tous ses adversaires ce vendredi et les a invités à construire avec lui un « gouvernement d’unité ». On s’attendait à ce qu’il loue les qualités d’un Vargas Lleras, dont l’électorat uribiste lui sera nécessaires. On a été plus surpris de l’entendre faire l’éloge de Noémi Sanin qui l’a durement critiqué pendant la campagne, même si l’on sait bien qu’il aura besoin de toutes les voix des sympathisants conservateurs. En revanche ses propos flatteurs sur « l’intelligence de Petro » et l’excellence des anciens maires de l’alliance verte ne laissent pas d’étonner, même les mieux disposés à son égard.
Certes il demeure fidèle ainsi au nom de son parti (dénommé “Parti social d’unité nationale” ), mais jette aussi le trouble parmi dans l’esprit de certains électeurs tout en se taillant un costume de président conciliateur ou réconcilateur. Sachant bien qu’élu, à moins d’une surprise, il bénéfieciera d’une courte avance donc d’une plus faible légitimité que son prédécesseur et devra gouverner avec ses concurrents. Dans ce cas, quelle meilleure stratégie que de faire de ses anciens rivaux de futurs associés ?