Care. C’est le nouveau machin socialiste, pour qu’on s’aide tous les uns les autres. Qu’on se soutienne. Que nous vivions dans du coton toute notre vie. Un machin qui nous vient tout droit des Etats-Unis. Décidément, en tant que centre politique et culturel de l’Occident, les américains nous refilent vraiment toutes leurs merdes.
Enfin, nouveau…
Non, en fait, il n’y a rien de nouveau là dedans. Ce n’est que la théorisation de Ségolène Royal allant pleurer avec un handicapé devant des millions de téléspectateurs. Oh mon pauvre petit. Oh mon tout beau. Oh mon brave handicapé. Oh mon amie la victime.
Viens que je te serre dans mes bras. Viens que je te réconforte. Viens que je te fasse un gros câlin.
Ca me fout la gerbe.
Non pas que j’ai un problème avec le fait d’être réconforté quand j’ai quelque chose qui va mal. Non, le truc, c’est que ce sont des proches qui s’en chargent. De la famille, des amis. Et assurément pas l’Etat.
Franchement, faire du réconfort une politique publique, c’est affreux. Déjà parce que ce n’est pas à des connards de politicards ou à des fonctionnaires de s’en occuper. Ensuite, parce qu’il faut quand même en chier dans la vie.
Sinon, quel intérêt ?
En soi, le care n’a rien de nouveau.
Le care, ce n’est que l’aboutissement politique du métrosexuel, lui-même n’étant que l’aboutissement de la féminisation du monde.
Se soigner, manger cinq fruits et légumes par jour, mettre de la crème hydratante sur le visage, recourir à la chirurgie esthétique, prendre des compléments alimentaires…
Résultat ?
Le néant.
Un corps trop en parfaite santé, une haleine trop fraîche, une peau trop douce.
Ca n’existe pas tout ça.
Qu’ils soient parvenus à en faire une réalité ne veut pas dire que ça existe.
Un corps qui ne souffre pas, qui ne porte pas sur soi les marques de la souffrance de la vie, c’est soit un corps d’enfant, soit un corps qui n’a rien fait, rien vécu, rien subi.
Un corps qui a passé toute sa vie dans une bulle ouatée.
Bref, un corps asservi au care.
Car un corps qui a vécu, qui a fait des choses, a forcément souffert, et en porte les marques. Un corps qui a agit porte des cicatrices, d’une manière ou d’une autre.
Du coup, c’est rugueux, ça sent, c’est un peu moche. Ca porte sur soi les bourrelets, signe qu’on a pris plaisir à la bonne chère. Les jointures abimées, parce qu’on a été en colère et qu’on s’est passé les nerfs sur un sac de frappe plutôt que sur un inconnu. Les microcoupures du rasage. L’haleine de la pipe ou de l’alcool. Une imperfection de naissance, que l’on a laissé car elle nous rappelle d’où l’on vient et qui l’on est. Des flatulences parce qu’on n’a pas respecté les normes des diététiciens. Des cicatrices, parce qu’on s’est cogné ou battu.
Ou, tout simplement, les rides, qui montrent que l’on a vécu et vieillit.
Vous n’avez rien de tout cela, ni rien du même genre ?
Alors vous êtes soit un enfant, soit une abstraction.
(Tout ça est éminemment masculin, certes, et je suppose qu’une femme aurait un point de vue différent sur la question. Mais que voulez-vous, je ne vais pas cacher mon genre. Après tout, Fight Club aussi est très masculin.)