En ce jour de pentecôte, mes chers amis, j’ai décidé de porter mon regard vers les cieux à la recherche d’un signe du tout puissant. À cet instant, je me suis souvenu que j’étais athée mais néanmoins très superstitieux comme tous les Berrichons. (En fait, je ne suis pas vraiment Berrichon, mais je dis ça quand j’ai besoin de me faire passer pour un débile…) Je décidais donc de prendre les augures pour déjouer les embuches des jours à venir.
Quelle ne fut pas ma surprise quand je m’approchais du balcon : J’apercevais un vol de douze oies sauvages qui s’en allaient gaiement vers le soleil levant. Ah ! Un signe favorable, me dis-je avec satisfaction. Hélas, la minute suivant un avion passait en hurlant au milieu des volatiles tétanisés. Ils furent hachés sauvagement en un salmigondis de fils et de tripes rougeoyantes qui volaient dans toutes les directions. On aurait dit des spaghettis bolognaises vomies par un berger allemand. (Je me sens d’humeur poétique ce soir). Je tournais la tête avec horreur pour regarder le soleil qui luisait avec magnificence au dessus de la ville épanouie, indifférent au drame qui venait d’avoir lieu. Tout à coup, un croissant de lune commença à poindre, dévorant Phébus comme les ténèbres dévorent le jour. Un voile de nuit s’abattit sur la ville ; les volets se fermaient ; les voitures se mirent à klaxonner et les gens courraient dans la rue en tous sens. Le chaos s’abattait sur nous !
En l’espace de quelques minutes, les augures mortels avaient arraché tout espoir de nos cœurs. Que pouvait-il arriver de si terribles dans les jours à venir ? Mais c’est bien sûr !!! La finale du championnat de France de rugby ! Comme chaque année à la même période depuis quatre ans, le Clermont Rugby Auvergne (ASM) va disputer la finale. Après 10 défaites successives en 10 participations, les malheureux Auvergnats se dirigent vers une 11e défaite avec la morne résignation d’un agneau qu’on mène à l’abattoir. Admirez chers lecteurs l’héroïsme noir de ces hommes qui montent sur l’échafaud avec la peur au ventre, tétanisés par le spectre de la défaite qui rôde au-dessus de leur tête comme des mouches au-dessus d’Éric Zemmour…
Adieux chers amis Auvergnats ! Guerriers illustres ! Votre courage dans le malheur inspire de l’estime à votre ennemi le plus acharné. (Quand ça m’arrange, je me garde bien de préciser que je suis né à Clermont… Dans le cas présent, j’ai même accroché des drapeaux catalans sur ma voiture pour fêter la victoire de Perpignan samedi prochain…)