Pour Wesley Snipes, le film est déjà visible, il s’agit d’un polar social de très bonne tenue, L’élite de Brooklyn d’Antoine Fuqua. Snipes y campe un ancien caïd tout juste sorti de taule, hésitant entre reprendre les rennes perdus lorsqu’il est parti entre quatre murs et se détacher de ce milieu qui lui a tant pris. Sobre et juste, Snipes a rarement été aussi bon, pas depuis des années en tout cas. L’air de rien, l’acteur découvert par Spike Lee il y a 20 ans a passé les dernières années à jouer les gros bras dans des séries B pour le marché vidéo, disparaissant totalement d’Hollywood. Ses ennuis avec le fisc américain n’ont rien arrangé, mais sa performance chez Fuqua laisse espérer que l’acteur, qui avait reçu le Prix d’Interprétation à la Mostra de Venise en 1997 pour Pour une nuit de Mike Figgis, reviendra doucement vers un cinéma de qualité qui semble si loin pour lui.
Pourtant, comme Wesley Snipes, Steven Seagal débarque lui aussi en 2010 sur grand écran dans un film dans lequel on ne l’attendait pas forcément. Ce film c’est Machete, le nouveau Robert Rodriguez. Le réalisateur de Une nuit en enfer et The Faculty transforme là en long-métrage la fausse bande-annonce qu’il avait réalisé il y a quelques années pour Grindhouse, la version double sortie aux États-Unis du diptyque Planète Terreur / Boulevard de la mort. Le héros de cette série B sanglante qui s’annonce savoureuse a beau être l’acteur fétiche de Rodriguez, Danny Trejo, le plus étrange membre de la distribution du film, au côté de Robert De Niro, Jessica Alba et Lindsay Lohan, est à n’en pas douter l’ancien champion d’aïkido qu’est Steven Seagal.
Seagal, qui s’est évertué à incarner les héros en tous genres depuis ses débuts d’acteur à la trentaine passée, semble parti pour prêter ses traits dans Machete au premier méchant de sa carrière, alors qu’on ne l’avait plus vu sur grand écran depuis Mission Alcatraz au printemps 2003 (vous allez rire, j’étais allé le voir…). Saura-t-il nous surprendre comme Van Damme et Snipes nous ont surpris dans JCVD et L’élite de Brooklyn ?
Bien sûr il est impossible de parler du retour des gros bras des années 90 sans évoquer The Expendables de Sylvester Stallone. Ce dernier a voulu engager toutes les anciennes gloires du cinéma d’action, ses anciens concurrents au box-office, en plus de quelques petits « jeunes », pour peupler sa nouvelle réalisation. Toutes les ex stars du genre se sont vus appelées par Sly, qui leur a proposé un rôle dans son film, au premier rang desquels Van Damme qui a ouvertement refusé d’y prendre part faute d’un rôle suffisamment écrit (étrange tout de même de la part d’un acteur qui peine à transformer l’essai deux ans après JCVD, se cantonnant pour le moment à ce qu’il fait depuis des années).
En 2010, revoir tous ces gros bras sur grand écran a beau être étrange et quelque peu anecdotique, une part de ceux qui ont grandi avec ces mecs s’en réjouit un peu. Mais je me demande quand même quand quelqu’un ramènera Chuck Norris sur un plateau de cinéma, autrement que pour un cameo comique avec Ben Stiller. Les réalisateurs craignent peut-être que Chuck mette les pieds où il veut… et tout le monde sait bien que c’est souvent dans la gueule.