Nocturne
La nuit, tu marches dans la mousse,
Pieds nus, les bras contre tes seins,
Du pas feutré des pluies prochaines.
Course invisible des nuages.
Je sens venir à ton parfum
L’orage de ta chevelure.
Et sur la terre de juillet,
Pâle, tapie dans la poussière,
L’arbre s’apprête à la morsure.
Patiente aux plages tu chancelles.
O, richesse d’approfondir
L’ennui ténébreux de l’attente!
Voici que s’ouvre comme un tremble
Que la foudre aiguë vient de fendre
Tes jambes lourdes de chaleur.
Et le désir s’affûte aux pierres de l’absence.
(Jean Joubert)
Illustration: Katerina Belkina