1935
Avec : Tom Mix
The Miracle Rider n’est pas un film, c’est un serial. Qu’est ce qu’un serial exactement, me demandez vous alors que vous avez déjà une petite idée de la réponse ? Et bien ce n’est pas une série télé, mais une série cinéma ! A l’époque où la télévision n’existait pas, les producteurs de cinéma avaient eu l’idée de fidéliser les spectateurs en proposant chaque semaine un nouvel épisode à suivre d’une intrigue à feuilleton. Le procédé remonte à 1912.
Serial des années 30, The Miracle Rider est la dernière apparition de Tom Mix à l’écran, qui avait alors 55 ans. Des 15 épisodes de ce serial, je n’ai vu que les 7 premiers, mais j’ai quand même une relativement bonne idée de l’ensemble, d’autant que l’intrigue, les poursuites et les cliffhangers se retrouvent rapidement répétitifs.
Il convient d’abord de se pencher sur le premier épisode, tout à fait remarquable historiquement et cinématographiquement. L’introduction de cet épisode intitulé The Vanishing Indian, résume en dix minutes la disparition totale du territoire indien au cours des deux siècles de colonisation par les blancs, cartes animées à l’appui. Daniel Boone, Davy Crocket et Buffalo Bill sont appelés à la rescousse comme témoins de la cupidité des blancs qui toujours violent les traités et provoquent la guerre. C’est tout à fait remarquable pour un serial datant de 1935, alors qu’on entend souvent que tous les westerns tournés avant 1950 étaient d’immondes brûlots racistes et anti-indiens.
Anti-indien, The Miracle Rider ne l’est donc pas. Cette introduction, en plus d’être sans concession, permet d’introduire Tom Mix et de placer la star, par l’intermédiaire de son personnage de Texas Ranger, dans la lignée des Daniel Boone, Davy Crocket et Buffalo Bill. C’est très habile.
Tom Mix est donc le défenseur des indiens, courageux, valeureux, toujours mince et athlétique à 55 ans. Les indiens ont bien besoin de sa protection, car s’ils sont droits, honnêtes, bien habillés et « intégrés » ils sont quand même un brin froussards et facilement manipulés. Pro-indien, oui, mais toujours dans cette veine un rien paternaliste.
La distribution est adéquate. Outre Tom Mix qui a parfaitement bien mené sa transition du muet au parlant (et son cheval Tony Jr. qui n’a pas eu ce problème…) on trouve le toujours impressionnant Bob Kortman en indien traître, Charles Middleton en odieux capitaliste, aidé par le non moins odieux Jason Robard Senior (oui oui, le père de Cheyenne). Et on retrouve aussi le pauvre Edmund Cobb en méchant, un peu plus bouffi que pendant ses années du muet. Donc un petit régal pour l’amateur.
L’autre particularité de ce serial est le mélange SF/western, qui pique un peu les yeux de prime abord. Les méchants communiquent par une sorte de récepteur télégraphique alpha-numérique, il est question d’un explosif révolutionnaire nommé X94, et Tom Mix se retrouve embarqué dans une sorte d’avion miniaturisé radioguidé utilisé pour foutre les jetons aux indiens ! ! ! C’est vrai qu’on est guère habitué à cela dans les westerns, pas plus qu’on a l’habitude de voir des courses poursuites avec baston dans un camion citerne qui ferait presque penser à 007. Pour autant, tous ces ingrédients, une fois admis, n’apportent pas une plus-value réellement intéressante à l’ensemble qui reste dans les limites de la série B : complots, poursuites, soupçons, captures, trahisons, cliffhangers ad infinitum.
Sans être du tout un chef d’œuvre, ce serial mérite toutefois d’être vu quand on aime ce cinéma là. Il est à noter que Tom Mix reste toujours populaire dans le cœur des américains, et que The Miracle Rider est sans doute l’œuvre de Tom Mix la plus connue là-bas, du fait de ses très nombreuses diffusions à la télévision*
Où le voir: DVD zone 1 sur amazon.com par exemple.
*j’ai lu ça quelque part, mais je n’arrive pas à retrouver où...