Un courant d'air dérange mon bureau.
Il dépose au passage un chapeau de Magritte.
Je le soulève.
Elles sont là,
Toutes tachées de bleu,
Les oranges d'Éluard.
Je manque d'ailes pour m'enfuir par la fenêtre.
Ma tête creuse, où passe des nuages, s'inscrit sur l'horizon.
Les cartes spécialisées dans la dispersion des graines sont imprécises.
Magritte était très négligent avec ses pinceaux,
Ou ceux-ci, plus malins que lui,
Capturant au passage, un vol de pépins de pommes.
Il sème, sur sa toile, de la couleur verte.
Le lendemain matin, lorsqu'il se réveille,
Un fruit s'est greffé sur la tête de son personnage.
Plus il essuie son pinceau sur de vieilles croûtes, plus la récolte est importante.
"Je trouverai bien quelques imbéciles pour m'acheter cela " pense-t-il,
Jetant négligemment sa pipe sur le tableau.
Puis il sort, sans oublier son parapluie.
Un objet d'usage, courant s'acoquiner avec la gloire.
Un mur végétal sur lequel on se heurte.
Une porte crochetée de l'extérieur.
Un oiseau traversé par des mots migrateurs.
Un souvenir phosphorescent s'égare.
Des lambeaux de vie blottis dans un tiroir.
Une gare hagarde de départs.
Frivolités de soies que frôle un papillon.
Un voilage se lève sur ce que l'on croit être une porte de service.
Vous qui croquez la pomme, ôtez vos masques, je vous ai reconnu.
Magritte en son jardin élève des pensées sauvages,
Et moi, pauvre fou,
Avec mon fouet d'azur,
Je voudrais les dompter.
mai 2010