Panique

Ah les jeunes parents ! Vous imaginez déjà une note relatant une course effrénée, que dis-je, épique, s'achevant sur une porte qui s'ouvrirait à la volée sur une chambre, avec un bébé paisiblement endormi dans son lit ? Vous vous trompez.
Nereij et moi au souper. La télé ronronne, le Haricot roupille dans sa chambre.
"Dis Chérie...
Le ton est mélodramatique, la voix cassée, presque tremblante. Je détourne les yeux de mon assiette (ce qui est un effort en soi, vu que j'ai abreuvé notre progéniture pendant 40 minutes juste avant de m'installer à table) pour poser un regard bovin sur mon mari, visiblement tourmenté.
- Il va falloir attendre la visite chez ton médecin pour savoir quand tu seras à nouveau opérable ?
Froncement de sourcils. J'avale ma bouchée de purée.
- Opérable ? réponds-je. Tu veux pas dire opérationnelle ?
- Ben non, opérable, pour quand je pourrai à nouveau opérer sur toi.
Je percute. On parle sexe, en fait.
- Mouais, ça se tient. Opérable, donc?
La lèvre tremble, l'homme vacille au dessus de sa cote de porc.
- Imagine qu'il annonce que tu ne seras pas opérable avant six mois ?
- Mais non, ne t'inquiète pas. Plus que quatre semaines, peut-être moins. Rappelle-toi, je suis la femme parfaite pour mon gyneco.
Nereij est tout avachi, un peu désespéré sur les bords.
- Ca ne te manque pas à toi ?
- Ecoute mon amour, je voudrais te dire oui, mais franchement, non. En bas, c'est toujours les chutes du niagara à chaque tétée, j'ai les nibards comme des pastèques, et ton fils...
- Notre fils !
- Notre fils me vide, et ce n'est pas une métaphore.
Il baisse la tête. Je compatis :
- Mais si ce n'était pas le cas, ça me manquerait, c'est sûr.
Il me sourit. Je suis perfide :
- Je peux mettre cette conversation sur notre blog ?"