J’ai eu l’autre jour une conversation très intéressante avec un ami sur les méthodes de sensibilisation à l’écologie. On s’était alors posé la question : doit-on culpabiliser les gens pour les faire réagir ? Comment ne pas culpabiliser en effet en prenant sa voiture à l’heure où la fin du pétrole se rapproche ? Comment assumer l’achat de 3 ipod alors que plus d’un milliard d’entre nous souffrent de la faim ? Finalement nous sommes tous humains, nous avons envie de nous faire plaisir, mais nous avons aussi une sensibilité. Et ça, plusieurs militants l’ont compris. C’est pourquoi ils tentent d’alerter le public en montrant des images choc ou accusatrices, afin de nous pousser à la « rédemption ». Mais est-ce une bonne façon de procéder ?
Je pense clairement que non. D’abord, ce n’est pas efficace, les gens n’aiment pas la culpabilité. Devant ça, la réaction est souvent de se protéger en se voilant la face, on préfère ignorer les réalités dérangeantes. Mais à l’inverse, trop de culpabilité ne fait pas vraiment avancer les choses. Elever des chèvres dans le Larzac, c’est bien, mais est-ce qu’on contribue ainsi à faire changer la société ?
De plus, ce n’est pas forcément légitime. Beaucoup des problèmes soulevés aujourd’hui sont nouveaux. Pas au sens qu’ils n’existaient pas avant, mais parce que nous n’en n’avions pas conscience. La révolution industrielle à ses débuts a eu des vertus, et nous ne connaissions pas à l’époque ses impacts sur l’environnement. De même, le pétrole nous a permis de formidables accomplissements, il ne s’agit pas de les renier, mais nous savons aujourd’hui que nous nous sommes rendus accro alors que les réserves s’épuisent. Nous ne devons donc ni accuser nos parents, ni culpabiliser de la situation actuelle. Par contre nous devons comprendre que certaines choses ont fait leur temps. Maintenant que les impacts de l’industrie sur l’environnement sont de mieux en mieux compris, n’est-il pas temps de changer notre mode de production ?
L’heure n’est pas à la culpabilisation mais à l’action. Nous devons commencer par assumer nos paradoxes, les contradictions entre nos privilèges et notre impact et notre sensibilité. Nous devons nous ouvrir à la remise en question. Ai-je vraiment besoin de 3 ipod ? Il ne s’agit pas de tout jeter à la poubelle, mais de peu à peu se poser des questions, s’informer, et comprendre que nous entrons dans une nouvelle époque. Nous devons nous ouvrir à un nouveau mode de vie. Les seules choses à jeter sont les dogmes de notre société.