Le 63 ème palmarès du Festival de Cannes en a déçu certains et étonné d'autres, mais porte incontestablement la griffe du président du jury 2010 : Tim Buton. Bien évidemment l'humain et le merveilleux sont entrés en force dans ses choix. Et nous ne nous en plaindrons pas. Ecartés les films trop politisés, la violence gratuite, le sexe omniprésent, place à un cinéma animé par une certaine idée de la transcendance.
Palme d'or à Apichatpong Weerasethakul pour Uncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures. Ce réalisateur thaïlandais était venu présenter à Deauville en 2007 un film intéressant qui m'avait beaucoup plu : Syndromes and a century dont vous trouverez la critique en cliquant ICI et vous comprendrez pourquoi ce cinéaste envoûtant, qui se situe entre rêve et cauchemar, sort des sentiers battus avec une quête très personnelle du sens de la vie et de la mort.
Grand Prix à Xavier Beauvois pour Des hommes et des dieux. De l'avis général, le film est superbe, d'une grande sobriété, admirablement mis en scène et interprété et cela nous change un peu des thèmes courants. Nous abordons à un rivage où l'idée de sacrifice, d'amour des autres prend une véritable dimension spirituelle.
Prix de la mise en scène à Mathieu Almaric pour Tournée. Il parait que l'acteur-cinéaste a su travailler avec économie et miser sur la simplicité, son film a reçu un accueil plutôt sympathique et le cinéma français recueille, grâce à lui, des lauriers non négligeables
Prix du scénario à Poetry du cinéaste coréen Lee Chang-dong qui m'avait fait une grosse impression l'an dernier au festival du Film Asiatique de Deauville avec un film très attachant Secret Sunshine. Je lui avais d'ailleurs consacré un article en le considérant comme l'auteur-phare du cinéma coréen. Pour lire cet article, cliquer LA. Pour nombre de festivaliers, ce film plus lisible que celui de Weerasethakul aurait du recevoir la Palme d'or. Mais c'est ainsi, et chacun se fera une idée en allant voir ces films lorsqu'ils seront programmés dans les salles.
Prix de la meilleure actrice à Juliette Binoche pour Copie conforme. Le talent de l'actrice n'est pas remis en cause mais beaucoup de personnes considèrent que ce prix ne correspond pas à la prestation de l'actrice dans cette oeuvre controversée. J'ai entendu hier soir des critiques qualifiés qui déploraient qu'il n'ait pas été attribué à l'actrice coréenne Yoon Jung-hee qui figure dans le film Poetry.
Prix du meilleur acteur ex-aequo à Javier Bardem pour Biutiful du mexicain Alejandro Gonzalez et à Elio Germano dans le film de Daniele Luchetti La Nostra Vita. Voilà bien un prix qui a fait grincer des dents. Autant l'immense acteur qu'est Javier Bardem a fait l'unanimité, autant le prix attribué à l'acteur italien Elio Germano semble relever d'un favoritisme inexplicable, car non seulement le film dans lequel il apparaît est mauvais mais son interprétation est outrée et caricaturale.
Prix du jury au Tchadien Mahamat Saleh-Haroun pour Un homme qui crie n'est pas un ours qui danse. Ne sachant rien de ce long métrage, je me contente de le signaler car il donne un salutaire coup de projecteur sur un cinéma africain qui s'éveille entre politique et poésie et aura certainement beaucoup à nous apporter dans les prochaines années. Ce cinéaste a déjà produit en 2002 Abouna, récit de deux frères à la recherche de leur père disparu, où il associe dans sa conception un retour à l'enfance, aux légendes et aux origines. Un beau programme.