Martine ou Dominique ?

Publié le 24 mai 2010 par Xylophon

Oui, je cède à la tentation. Dénonçant la question du leadership en interne au parti socialiste, me voilà face à mes contradictions. Martine ou Dominique, l'un des deux devra céder, à moins que Ségolène Royal, revenant de sa région Poitou Charente , tienne également à concourir.

Martine. Elle est la secrétaire générale d'un parti socialiste sur la voie de la reconstruction. Légitimée par la victoire du parti socialiste aux élections régionales, c'est elle qui porte le projet et tranche les questions les plus délicates. Elle est institutionnellement la patronne du parti, malgré une victoire arrachée à la dernière minute.

Dominique. Il est le président d'une des plus prestigieuses organisations internationales: le Fond Monétaire International. Il dirige une institution dont le rôle est aujourd'hui primordial alors que Joseph Stiglitz a longtemps dénoncé sa politique de bombardement économique des pays les plus pauvres.

http://lexilousarko.blog.fr/2008/01/11/la_grande_illusion_sarkozyste~3563629/

Martine. A 60 ans, la fille de Jacques Delors, incarne cette gauche sociale mais modérée qui fut longtemps une tradition française. Moins moraliste que Ségolène Royal sur les questions de société, elle a pour elle l'expérience des thématiques les plus nécessaires aujourd'hui. Elle qui fut à la fois ministre du travail puis ministre de l'emploi et de la solidarité, connait bien ses dossiers. Comme Lionel Jospin, elle garde l'image d'une femme sérieuse et intransigeante, qui loin du bling bling de Sarkozy, plait aux français.

Dominique. A 61 ans, DSK, incarne lui, ce qu'on appelle couramment la social-démocratie, sans savoir exactement d'ailleurs, ce que ce terme recouvre. Plus au centre, qu'à gauche sur l'échiquier politique français, Dominique Strauss Kahn est avant tout un pragmatique. Économiste de formation, DSK connait parfaitement les politiques économiques à mettre en place en cas de crise. Le point a récemment publié un numéro sur le président du FMI annonçant quelques révélations. En réalité dans ces articles, il n'y avait rien de nouveau sous le soleil. DSK est un homme qui aime les femmes, ce qu'on savait déjà. Il se prépare doucement à sa candidature avec une cellule dédiée à prendre le pouls de la société française.

Martine ou Dominique, Dominique ou Martine. Ces deux sexagénaires savent bien-dans un contexte nécessaire de rajeunissement de la classe politique-que que la présidentielle sera leur dernier combat.

Pourtant dans cet affrontement prévisible des primaires, il serait pertinent à mon sens d'anticiper la défaite de l'un ou de l'autre de nos protagonistes. Car Strauss-Kahn et Martine Aubry sont les deux visages d'un Janus qui pourrait mener le PS à la victoire après 15 ans de disette électorale. Elle est plutôt discrète, il est plutôt volubile, elle incarne la gauche sociale, il incarne le centre gauche. Une façon à eux deux de réconcilier le PS sur les divisions et les courants. Même sociologiquement leur électorat n'est pas le même: Aubry bénéficie plutôt des votes des employés et des classes moyennes, alors que DSK peut prendre des voix aux centres et même à droite.

S'ils veulent des primaires, qu'ils les fassent alors, mais pourquoi ne pas continuer la logique jusqu'au bout en anticipant tout type de tragédie à l'image d'un congrès de Rennes qui reste encore un traumatisme pour toute gauche. Pourquoi ne pas présenter à l'image de ce qui se fait aux USA, un ticket Dominique-Martine, puisque la complémentarité de l'un fonde la complémentarité de l'autre.