Synopsis :
Laura et son père Wilson s'installent dans une maison à la campagne pour la retaper sur demande de son propriétaire qui souhaiterait la mettre en vente au plus vite. Ils passeront donc la nuit sur place avant de commencer les travaux le lendemain matin. Tout semble se passer pour le mieux avant que Laura n'entende un bruit provenant de l'extérieur mais devenant de plus en plus fort au premier étage de la maison. Wilson s'aventure donc en haut pour voir ce qu'il en est tandis que Laura l'attend seule au rez-de-chaussée...
Critique :
Vu dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, La Casa Muda (The Silent House pour l’international) est l’un des petits films à avoir fait parler la croisette lors de cette édition 2010.
Parlé, ou plutôt frémir puisqu’il s’agit d’un film d’horreur Uruguayen, dans la veine des Blair Witch Project ou [REC] s’il nous fallait trouver des cousins éloignés. Réalisation à l’extrême petit budget, le film vaut surtout pour l’exploit technique qui a principalement motivé le buzz autour de sa sortie. Outre le fait que La Casa Muda est un film de 74 minutes en un seul plan séquence (oui oui, sans coupe visible, du temps réel donc), c’est surtout le fait qu’il ait été réalisé au Canon 5D EOS Mark II qui soit impressionnant. Mais qu’est-ce que c’est que cette bête là ?? Tout simplement un appareil photo ultra performant au rendu HD des plus bluffant. La courte focale et la définition hallucinante donnant un effet d’immersion et de proximité avec le personnage central plus qu’incroyable.
Sur le plan technique, La Casa Muda est donc une pure claque, renforcée par le fait que la photographie sombre virant au bleuté soit travaillée avec soin durant l’intégralité du métrage. Si de prime abord, le film pourrait sembler être un film presque amateur, dans les faits il n’en est rien.
Ceci étant, et c’est là véritablement le problème du film, le scénario semble avoir été traité au second plan. Le réalisateur Gustavo Hernandez livre ici un patchwork pas toujours réussi des effets frissonnants des films cités précédemment de sorte qu’aucun effet de surprise ne marque véritablement les esprits. A de nombreuses reprises, on regrettera des choix éculés comme la montée progressive du son pour déboucher sur ….rien. Ahahah, on a été bien eu, on ne s’y attendait pas. Enfin presque, puisque j’ai sincèrement cru qu’il y allait avoir des morts dans la salle tellement le public ne semblait pas vraiment s’attendre à ce type de film. Et oui, ca sert de lire les synopsis un peu avant !
Mais le vrai tour de force de La Casa Muda est celui de parvenir à masquer presque totalement son manque de moyen : seulement 3 personnages, dont un principal. Nous allons suivre une jeune femme dont l’on ne sait pratiquement rien dans l’obscurité d’une maison au sein de laquelle des événements étranges se passent. La caméra navigue tantôt entre la vue subjective de la jeune femme et la vue spectateur. Ce manque de cohérence peut au départ perturber mais au regard du final, on se dit que ce choix n’était pas dénué d’intérêt d’autant que les transitions ne se ressentent jamais.
Si durant notre périple (démarrant vraiment à partir de 45 minutes, le début étant long, lent, voire ennuyeux) nous sommes en alerte perpétuelle du fait que la courte focal de la caméra diminue notre perception de l’environnement, l’issue grand-guignolesque vient casser le travail précédemment fait. Le choix de tout donner en termes de frisson, d’horreur ou de sang dans les dernières 10 minutes arrive comme une conclusion un peu facile d’un film ne sachant plus vraiment comment se terminer. Dans ce bordel notoire, on ne comprendra finalement pas grand-chose à qui est qui et les motivations de chacun… Un sentiment de frustration d’avoir raté un morceau s’installe alors et c’est malheureusement avec celui-ci que les spectateurs repartiront de la salle...
La Casa Muda mérite clairement d’être vu, à minima pour le défi technique lancé et réussi. Si l’on passe outre les problèmes scénaristiques et les incohérences régulières, on peut dire que Gustavo Hernandez a réussi son pari !
Pour info, le film sera rediffusé à Paris, au Forum des Images le 28 mai prochain dans le cadre de la reprise de la Quinzaine des Réalisateurs. Une bonne occasion de le voir d'autant qu'aucune date de sortie n'est annoncée.
Sortie officielle française : inconnue