Je viens de terminer “L’espace public”, de Thierry Paquot dans l’excellente collection “Repères” (Ed. La Découverte, 2009), colection qui propose la plupart du temps de bonnes synthèses sur des sujets touchant aux sciences humaines, la gestion, l’économie, …
L’auteur distingue “l’espace public”, lieu du débat, de la confrontation des opinions privées, “mais aussi une pratique démocratique, une forme de communication, de circulation de divers points de vue”, des “espaces publics”, endroits accessibles aux publics, “arpentés par les habitants, qu’ils résident ou non à proximité”.
Pour le premier, cela démarre par un exposé des thèses d’Habermas, la constitution de l’espace public “bourgeois” nécessité par le besoin d’information pour les nécessités de l’économie et, au XVII ème siècle, en France, “les membres d’un club, d’un salon, d’une loge maçonnique, les auteurs de libelles ou d’articles dans la presse”, jusqu’à l’apparition de “l’opinion publique” que dénoncera ultérieurement K Marx comme “fausse conscience dissimulant les intérêts de la seule bourgeoisie”, puis sa décadence du fait de la conjonction d’une presse “phagocytée par la réclame” et de l’émiettement social.
Au passage, on apprend qu’il existait 200 journaux de langue française entre 1600 et 1700, puis 1050 entre 1700 et 1789.
On apprend encore que le premier café, ouvert à Londres en 1672, très vite rejoint par d’autres avant d’être interdits en 1675. A Paris, il y en avait “300 en 1716, 1 800 en 1788 et plus de 4 000 au début de l’Empire, en 1804″. Aujour’dhui, la baisse du nombre d’établissements (de 200 000 en 1960 à 37 000 en 2007), de plus en plus marchandisés, est en partie compensée compensée, en terme d’espace public, par la floraison des cafés philo, alternatifs, littéraires, scientifiques…
S’ensuit une analyse historique du rapport public/privé au plan des espaces, et cette conclusion: “plus l’individualité d’un sujet s’affirme, plus la distinction entre «privé» et «public» lui paraît essentielle”.
La suite la demain.
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