Toulon prend une leçon

Toulon n'était pas moins armé que Cardiff, et jouait devant cinquante mille supporters acquis à sa cause.

Toulon comptait au moins autant d'individualités que Cardiff et menait 13 à 6 à la 46ème minute. Et pourtant, au final, c'est Cardiff qui rapportera le trophée de la Challenge Cup à la maison.

La 46ème minute est sans aucun doute le tournant du match : Jonny Wilkinson se blesse et laisse ses coéquipiers terminer avec Tom May à l'ouverture. Et comme par hasard, Cardiff choisit ce moment pour passer à la vitesse supérieure. Trois essais plus tard, le match était plié. Et malgré un retour en fin de match (essai de Thomas Sourice), le RCT n'a pas réussi à inverser la tendance.

Mais réduire les causes de la défaite de Toulon à la seule blessure de Jonny Wilkinson serait réducteur. Car le RCT a pris une leçon sur plusieurs plans.

Sur celui de la conquête, en premier lieu. En mêlée ou dans les rucks, Cardiff a dominé son sujet, mettant très souvent les Toulonnais sous pression. Dans l'occupation du terrain et l'animation offensive également. Alors que les hommes de Philippe Saint-André se sont beaucoup passé le ballon sans vraiment avancer, les Gallois ont été plus tranchants.

Sur le plan du réalisme, il n'y a pas eu photo non plus. Alors que Toulon aurait pu marquer deux fois en première mi-temps, sans y parvenir, Cardiff a converti en point sses incursions dans les 22 mètres varois.

Les Gallois ont surtout donné une leçon de patience et de science du jeu : on pensait que sur l'intensité et l'envie, les joueurs de la Rade viendraient à bout du mur défensif dressé par les coéquipiers de Martyn Williams. Malgré le talent d'un Joe Van Niekerk ou d'un Sonny Bill Williams, malgré la vista du jeune (et prometteur) Jérémy Sinzelle, les Toulonnais ont été maladroits et ont, paradoxalement, trop joué au ballon, enchainant les fautes de mains et les mauvais choix.

Certes, il n'y avait pas tous les cadres du RCT sur le terrain. Et la blessure de Jonny Wilkinson a vraiment perturbé l'équipe. Mais ce match est à l'image de l'équipe du Président Boudjellal : un groupe talentueux, qui est néanmoins encore loin de la froide efficacité des cadors européens.

Prudente à l'excès lors de sa demi-finale du Top14, cette équipe a pêché par excès de générosité, au détriment de la lucidité.

On est déçu par cette défaite, d'autant que la victoire était à la portée du RCT. On se consolera en pensant avec gourmandise aux joutes qui attendent le club l'an prochain. On est sûr que cette équipe donnera du fil à retordre à plus d'un. Avec un poil plus de rigueur, Toulon peut prétendre bien figurer. En attendant mieux, évidemment.