C'est un endroit où l'on remise les jouets quand je ne suis pas chez papy. Une sorte de musée conservatoire où les objets que l'on y dépose, poussent les plus vieux vers le mur du fond. Et quand on les retrouve par hasard çà fait remonter les souvenirs. Pour attraper les plus anciens, on casse des fils plus mince que la soie. Parfois, accrochés dans les fils, des mouches attendent comme dans un garde-manger.
Au premier étage, il y a plusieurs lits de toutes les tailles. Quand je vais coucher, au château des araignées, je me fais encore plus petit que je suis. D'accord, je suis costaud et je ne crains personne dans la cour de l'école, mais je tiens pas trop à me faire remarquer par les fantômes. Ceux la, on a beau cogner dessus avec ses poings, çà leurs fait pas mal. Ils sont encore plus mous que mon oreiller. Ils se contentent de racler leurs chaînes encore plus fort. C'est parce qu'ils sont transparents, qu'ils font peur. Je ferme les yeux, j'en vois un, j'ouvre les yeux en tapant dessus, je le vois plus. J'ai pas peur, enfin, pas beaucoup.
- Papy !
Un papy, c'est bien pratique. On lui parle avec une voix tremblotante pour réveiller sa grosse voix qui fait semblant de dormir. Et d'un coup, lorsqu'il répond, les fantômes s'enfuient.
- Papy .... !!! J'ai hurlé.
- Loïc ne crie pas si fort.
- Mais non papy, j'ai juste parlé pour savoir si tu dormais.
- Mouais qu'il fait mon papy.
Puis il se retourne sur le coté, et tous les ressorts du lit grincent en même temps. Çà fait plus de bruit que les chaînes de mille fantômes. Du coup, ils s'enfuient tous en courant. Le rideau blanc de la fenêtre ouverte s'agite doucement. Demain je regarderai la mouche prise dans le piège de l'araignée. Papy sortira le grand livre des insectes et me dira son nom et je glisserai la grande épuisette à poisson, sous mon lit, pour attraper les fantômes. Après, j'irai faire peur à ma petite soeur en me cachant sous un drap.
- Loïc, viens prendre ton petit déjeuner ? Il est déjà dix heures.
Blavozy juillet 2007