Pouvoir prendre sa retraite une fois devenu « vieux » est un système financier jeune. Bénéficier d’une rente pour ne pas travailler ni plus ni du tout et gagner autant, c’est, pour les classes «pauvres» un droit récent et précaire (encore faut-il l’atteindre vivant ou en sante suffisante). Ce temps libre rémunéré, quand a-t-il commencé d’exister ? Ce sont les nobles européens qui ont inventé, dans la durée et par une organisation rigoureuse, le financement de leur temps libre, sans avoir à travailler, ce qui, pour les nobles français, était honteux. Les retraites sont donc ni plus ni moins qu’une rente, comme tant de non-travailleurs capitalisés ont su et savent en avoir et en bénéficier. Pour nos générations du 21ème siècle, les progrès de la médecine entretiennent le mythe d’un allongement de la durée de la vie, comme le prouve la prise de parole du dirigeant français du FMI, M. Strauss-Kahn (« si on doit vivre jusqu’à 100 ans… »). C’est que les élites du monde ne travaillent pas comme les autres. Président, premier ministre, ministres, PDG, parlementaires, sont entourés d’assistants (le premier ministre actuel est l’un des plus dépensiers en la matière, plus d’une centaine) qui travaillent pour eux. Leur principale activité est de parler, puis de se reposer dans des conditions confortables. Du coup, par loi et effet de transposition, ces dirigeants du monde estiment qu’il ne serait pas si difficile de travailler un peu plus. Mais les réalités économiques et humaines sont là : l’espérance de vie d’un ouvrier en France est de 66 ans, quand celle d’un cadre est de 74 ans. Même si le travail effectué au cours d’une vie n’est pas extraordinairement pénible (les spécialistes des comparaisons vous diront qu’un maçon a un travail très pénible, ce qui est vrai, alors qu’un prof «se roule les pouces», ce qui est faux, puisqu’il faut de l’énergie, pour parler, être concentré, être attentif aux élèves, etc), passé 60 ans, le corps humain fatigue énormément, et même si la médecine est plus performante, les processus vitaux sont si fondamentaux que ces progrès ne peuvent influer dessus. Et pour les générations de trentenaire, quadragénaire, le recul de l’âge légal de départ à la retraite et/ou l’augmentation de la durée de cotisation reviendrait à les obliger à travailler dans les durées les plus longues de l’Histoire. Car lorsque l’espérance de vie était à peine de 50 ans, la durée d’activité des individus a oscillé entre 40 et 45 ans, mais avec des personnes qui étaient usées, brisées par leur activité. Celles et ceux qui ont pu prendre leur retraite à 60 ans après 1981 ont pu avoir des vies actives avec moins de 40 ans de travail effectif. Le sens de l’Histoire serait donc de DIMINUER cette durée d’activité, pour la faire passer à 37,5 ou 35 ans, ce qui signifie que, pour des jeunes citoyens qui ont commencé à travailler entre 20 et 30 ans, permet d’envisager un départ à la retraite entre 55 et 67,5 ans, ce qui est déjà énorme ! Or, les perspectives actuellement envisagées vont dans le sens inverse, seraient susceptibles de faire travailler des citoyens-salariés jusqu’à 70 ans ou 80 ans, ce qui est ridicule, fou et injuste (par comparaison avec celles et ceux dont les capitaux suffisants leur auront permis de prendre une retraite à 35 ans, comme les footballeurs !)