Et vous, laissez-vous vos enfants jouer dehors ?
Propos recueillis par Amélie GAUTIER - le 05/12/2007 - http://tf1.lci.fr/
Faire du vélo, construire une cabane... une maman sur trois en France ne laisse pas son rejeton rester à l'extérieur seul sans surveillance, ce qui était monnaie courante il y a encore 20 ans.
Par peur d'une mauvaise rencontre ou d'un accident, elles sont même 26% à imposer à leurs enfants de rester à l'intérieur, selon une étude de la marque Skip (1). Une spécialiste (2) nous dit
pourquoi.
LCI.fr : Comment peut on expliquer cette crainte chez certaines mamans, les dangers sont-ils plus grands qu'avant ?
Béatrice Copper-Royer, psychologue : Non, je ne le crois pas. Je pense qu'il y a surtout une hyper-communication des faits divers. J'appartiens à une génération où les
enlèvements d'enfants avec demande de rançons étaient fréquents mais ils faisaient rarement la Une des médias. Depuis quelques années, les choses sont plus frappantes. La société véhicule une
obsession sécuritaire, où l'on voudrait que le risque zéro existe. Bien sûr, il n'est pas impossible qu'il se fasse mal Mais le jeu à l'extérieur est pour l'enfant le plus précieux des
apprentissages...
LCI.fr : Vous semblez déplorer que les enfants ne partent plus à l'aventure...
B. C-R. : Oui un peu parce que les jeux à l'extérieur ont de multiples vertus. Ils développent la créativité tout d'abord. L'enfant va inventer des histoires, développer son
imagination. En construisant un radeau avec deux planches sur lequel il "partira" tel un pirate, en construisant une cabane, qu'il va constamment améliorer... Tous ces jeux d'imagination lui
permettent aussi d'évacuer la pression qu'ils peuvent parfois ressentir à l'école.
LCI.fr : Est-ce que prendre l'air influence le comportement de l'enfant ?
B. C-R. : L'apprentissage par l'expérience est l'un des piliers de la construction de soi. L'enfant qui vagabonde hors du regard parental teste ses propres appréhensions, prend
des risques. Ce qui va participer à l'éveil d'un enfant c'est que son parent lui fasse confiance. Un enfant qu'on va laisser seul déambuler dans un jardin va trouver son rythme, ses
intérêts. En pataugeant dans une flaque d'eau. En observant une fourmi au raz du sol. Il va aussi trouver ses propres limites, se construire, mieux se connaître. En escaladant un arbre, par
exemple, il va vite réaliser quand s'arrêter. Le tout est de savoir y aller progressivement en fonction de l'âge de son enfant. On peut par exemple, les emmener dans un parc et les laisser un peu
s'éloigner.
(1) Etude publiée mardi menée par le Cabinet StrategyOne pour Skip dans dix pays auprès de 1500 mères.
(2) Béartrice Copper-Royer, psychologue et psychothérapeute, est l'auteur de plusieurs ouvrages chez Albin Michel : "Peur du loup, peur de tout", "Non, tu n'es pas encore un ado !", ou encore
"Vos enfants ne sont pas de grandes personnes".