Nuit…

Une envie d’écrire, des mots, à la chaine, comme une usine crache ses produits. Mais à une telle heure ? Est-ce raisonnable ?… A cette heure où dorment les braves gens.

J’ai passé ma tête, dans l’ombre, pour regarder. Pour la voir. Ce petit bout de vie qui grandit plus vite que je ne puis écrire. L’air doux, paisible, perdu dans ses rêves de bébé.

J’ai posé, mes yeux, plus loin, sur un écran, pour voir la vie défiler en mode 140 caractères. De tout, de n’importe quoi. Des humeurs, des coups de canifs, des amours, et de l’humour. Un piaf bleu qui tient dans le creux de la main. Un piaf bleu qui ballade les mots du monde, et qui parfois guéris ses maux. Automédication deux point zéro. Croiser des images, des sourires, humaniser un univers rationnel de un et de zero, lui apprendre l’Humanité.

Combien de temps faut-il, pour digérer cette masse de mots ? Combien de temps faut-il, pour cerner leurs auteurs. Un instant, une vie, un claquement de doigt, une bruissement d’ailes. Se payer le luxe de prendre le temps, de ne pas être totalement immergé dans cet univers deux point zéro. A un point zéro, on avait encore un peu de temps. A deux, non. Être là, être dans la mouvance, ne pas rater l’info, ne pas rater, ne rien rater, tout voir, tout savoir, tout comprendre. Même ce qui ne sert à rien, juste pour dire, entendre, redire, la preuve d’une existence ?

Maitriser, sa communication, sa réputation en ligne, apprendre encore d’autres codes, cinquante trucs ici pour pour se rendre passionnant, dix trucs là pour ne pas perdre des abonnés. Bible électronique à suivre. Un mot d’ordre généralisé, jamais dévoilé : ne soyez pas vous. Soyez ce que l’on pourrait attendre de vous.

Et merde, encore raté ?! Encore un espace voué à devenir plus clean que clean ?! Certainement pas… Pas si tard en tout cas… A la nuit, c’est la vie qui s’en revient, avec ses cortèges d’espoirs, de rêves, d’angoisse, d’amour déchues, d’amour perdues, d’amour vécues. C’est le vie qui s’en revient, avec ses dérisions, ses claques. Des litres de vies qui coulent par tout les claviers du monde…

Regarder la vie défiler, sentir la nuit prendre la ville au creux de ses bras, sentir le bruit, doucement, s’enfuir, porté par les vents nocturnes, le calme, la douceur, prendre possession des rues, des boulevards… quelques voitures signalent une présence de vie, de temps en temps…

[à suivre...]