Demoiselle des sèmes,
avant que soit pétris
ton corps, tes tripes, ta chair
en une pâte amère,
je veux te voir encore
faire tourner, voler les volants
de tes multiples robes saisonnières.
Toujours
je porterai au doigt notre alliance.
Mais de ce pas je m'en vais déjà
à travers toi, chaque jour de joie
que de souffrance,
faire le tour en quatre vingt,
du monde aux quatre coins
tout comme l'on mène une danse.
Je chanterai en chemin
du dedans de ma panse.
à défaut de me taire
à haute voix de la terre
cette romance :
Une fleur en sang
de la sève dans mon coeur
des pétales sur mon corps
meurtri par les abeilles
ma bouche pleine de pollen
mes yeux collés de miel,
dans le sol une épée
transperce la planète
des plaies comme des volcans
des laves comme le sang.
Le soleil qui se couche
sur des hommes qui se fanent
des cadavres dans les vases
les corps tombent et s'étalent.
Mais si tout cela est vain,
si le temps n'est qu'argent
et le soleil de l'or.
S'ils n'ont en leurs palais gardés
qu'un bon goût pour les roses
et la robe des vins.
Alors moi non plus
je n'irai pas plus loin.
Par les sentiers battus,
j'irais à bout
enterrer mes ossements humains
Alors j'aurai rejoint,
cette dame terrienne,
Demoiselle des sèmes,
comme un arbre abattu
sur son corps forestier.
Madinx (C.Plouvin)