Poeme de Madinx : LE VISAGE NOMADE

Par Illusionperdu @IllusionPerdu

Toi,

en exil

de la terre de tes pères.

Toi qui s'en vas Branquignole !

sans éclat ni beauté,

aujourd'hui qui verra ?

si l'on ne voit

que par l'oeil repus

d'une société de replis,

qui découvrira en ta face

pétrie de trop de nuit,

ton sourire rompu,

qu'au fond du bar

tant d'éphémères lumières

n'ont pas vu.




Qui de nous verra !?

de nos yeux de revues :

le sourire dont tu es capable,

même s'il ne parait encore,

à nos yeux -code-barres,

qu'une cicatrice décousue,

que nos vus impeccables,

ne distinguent

d'une ligne du cul.




Avec toi j'ai bu

aux aboies des rues,

où, psychiatrique ; est l'asile,

où d'arrêt ; est la maison,

où l'on n'y rencontre que dédale !.




Mais, par quel chien !

ai-je été mordu ?

si ce n'est par cette humanité

aux abois.




Branquignole,

quand j'y pense,

quelle drôle d'amitié,

-en exil de la terre de nos pères,

-au désert de nos galères,

nous nous sommes rencontrés.

Nous avions si soif de nous même,

et il nous a semblé :

que nulle eau vive,

ni en nous, ni au dehors,

ne pouvait nous apaiser.



Et parce qu'aucun amour

n'avait pu nous sevrer,

c'est du Don de nous-même,

que nous étions exclus.




Au -litres au cent

combien ça consomme !?

au "bouge toi d'là" des klaxons !

A la vitesse des bagnoles !

il semble hélas, Branquignole,

qu'à sens unique ce soit toi

qui en godasse, vraiment !

dépasse les bornes,

et s'en va son chemin

d'homme -hors normes,

d'un pas lent aux grosses grolles.

Ce pas, auquel ne communie

selon ta foi ; que celui !

qu'a -mis à- pied- la zone.




Aussi à toi je pense

fragile enfant,

qui a connu souvent

l'homme à-bout,

l'homme hors de lui

-en gueule de loup,

et qui au goût du lait

s'est vu substituer

le goût du sang.




Toi Branquignole,

qui va ! sans éclat ni beauté,

qui de nous pourra reconnaître ?

Sans que nos tripes ne remuent,

le sourire Prophète

de ta face de perdu.

Madinx (C.Plouvin)