Pourquoi l’analyse technique

Publié le 22 mai 2010 par Maumoo1

   

1 Présentation générale

1.1 Pourquoi l’analyse technique : les lacunes de l’analyse fondamentale

L’analyse technique adopte un point de vue différent de celui de l’analyse fondamentale quant à l’estimation des niveaux d’achat et de vente intéressant des titres.

En effet, l’analyse fondamentale, telle qu’elle est mise en œuvre par les analystes des banques (aboutissant ainsi à des recommandations), repose essentiellement sur des ratios financiers relatifs aux fondamentaux de la société.

C’est ainsi que seront étudiés des ratios tels que le rapport cours sur bénéfices attendus, capitalisation sur chiffre d’affaires, niveau d’endettement, … Des normes étant déterminées, elles permettent alors d’estimer le risque associé à l’achat ou la vente d’un titre. Par exemple, une norme assez courante consiste à privilégier les titres ayant un ratio cours / bénéfice par action attendu inférieur à vingt, ce chiffre étant considéré comme un seuil important. De même, un niveau majeur pour le ratio capitalisation / chiffre d’affaires se trouve aux environs de deux.

Néanmoins, cette méthode peut présenter quelques lacunes. Prenons par exemple le cas des valeurs technologiques au début de l’année. Nombreux ont ainsi été les titres dont le ratio cours / bénéfices s’est établi à plus de 100 et le ratio capitalisation / chiffre d’affaires à plus de 10. D’un point de vue fondamental, quelle attitude adopter dans un tel contexte ? Soit l’on tente d’établir de nouveaux ratios propres à la « Nouvelle Economie », ce qui peut nécessiter un certain délai, soit l’on s’en tient à ses ratios initiaux, ce qui aboutit à laisser passer certaines occasions intéressantes.

De plus, il apparaît assez souvent que l’évolution des cours ne traduit pas nécessairement les fondamentaux réels des sociétés, des effets de sur-réaction (tant à la hausse qu’à la baisse) étant courants, notamment par rapport aux annonces.

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1.2 L’analyse technique pour une meilleure prise en compte de la psychologie

Pour sa part, l’analyse technique part d’un principe financier assez simple : à un moment T du temps, le cours d’un titre reflète précisément toutes les informations disponibles sur ce titre, toute son histoire. Cela est dû au fait que le temps est considéré comme continu, toute variation du cours aboutissant à la détermination d’un nouveau niveau qui lui-même sera la base de référence pour de nouvelles variations. Dès lors, il est donc possible de se fonder sur l’évolution des cours, à différents niveaux, pour tenter de déterminer les évolutions futures les plus vraisemblables.

Néanmoins, cette détermination des sens et des ampleurs de variation ne va pas de soi. En effet, il apparaît assez rapidement que les effets psychologiques (relatifs par exemple aux effets de seuils ou au comportement des particuliers par rapport aux professionnels) peuvent s’avérer tout aussi importants que des considérations purement techniques. Dès lors peuvent se manifester des opinions différentes sur la base d’informations pourtant similaires. C’est même sur ce principe proprement dit que se fonde la détermination des cours, qui traduisent un consensus de marché entre les positions acheteuses et les positions vendeuses.

L’analyse technique ne vise donc pas, en tant que telle, à déterminer des raisons précises à la variation des cours mais plutôt à mesurer l’évolution des ces derniers et, si possible, à déterminer leur comportement futur vraisemblable.

Cette approche permet ainsi de tenir un plus grand compte de la psychologie des opérateurs.

En effet, les mouvements de hausses et de baisses des marchés se font presque systématiquement selon des tendances, de plus ou moins long terme. Celles-ci sont fondées sur l’approche des investisseurs à l’égard des titres, pessimiste (bear) ou optimiste (bull). La situation d’optimisme se caractérise par des cours en perpétuelle hausse alors même que les fondamentaux ne justifient nullement cette hausse. Les ratios sont donc en croissance, ce qui peut amener les analystes à se retirer des titres.

En revanche, c’est souvent lors de ces trends de hausse que les particuliers se convainquent peu à peu de l’intérêt de se positionner à l’achat, alors même que le potentiel de hausse est nettement amenuisé. Cette observation traduit bien l’effet moutonnier des marchés, et partant l’intérêt de figurer parmi les premiers bénéficiaires des mouvements.

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1.3 L’analyse de Dow et la psychologie des investisseurs à l’égard des annonces

Keynes lui-même affirme dans son principal ouvrage, la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) que « la plupart des investisseurs et spéculateurs professionnels s’occupent moins de faire des prévisions précises à long terme que de prévoir peu de temps avant le grand public les changements à venir de la base conventionnelle d’évaluation ». Cette approche fait suite à l’analyse initiale de Dow, créateur de l’indice éponyme et du Wall Street Journal. La théorie de Dow est au cœur de l’analyse technique et mérite d’être développée.

En effet, Dow a parmi les premiers compris l’importance des notions de « timing » et de réactivité. Son modèle repose sur l’idée selon laquelle, en période de baisse des cours, il existe toujours des investisseurs plus téméraires et mieux informés prêts à acheter en prévision de la reprise(« accumulation par les astucieux », phase "a" sur le graphe), alors même que les particuliers se défont de leurs titres. A cette phase fait suite l’amélioration des résultats de l’entreprise, suscitant l’engouement des investisseurs pour le titre (« imitation », phase "b"). Cette période d’amélioration est alors susceptible d’engendrer une pression à l’achat très forte pour les particuliers, désireux de prendre part à ce qu’ils considèrent être un mouvement sans fin. Cette phase est pour les premiers investisseurs l’occasion de vendre (« distribution par les astucieux », phase "c"), en prévision du retournement qui s’annonce, alors même que l’ensemble des petits porteurs se positionne alors à l’achat…

Ces différentes analyses partent de points essentiels, qu’il convient de définir clairement. Ainsi, si tout investisseur conçoit le principe d’une hausse ou d’une baisse des cours, encore faut-il déterminer comment cela se traduit graphiquement et sur le plan des cours.

Par exemple, un mouvement haussier se caractérise par des points bas de plus en plus hauts dans le temps, tandis qu’un mouvement baissier se caractérise par des points hauts de plus en plus bas.

Cette façon d’aborder les tendances peut paraître anodine mais elle est tout à fait capitale pour intégrer les principes de construction des indicateurs techniques.

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1.4 Contrary opinion

Dans le prolongement de la théorie de Dow figure le principe de « contrary opinion », développé par Neill (1954).

Ce système repose sur l’idée selon laquelle, dès lors que tous les investisseurs ont la même opinion au même instant, il est fort peu probable que cette opinion se matérialise dans les faits… En effet, si tous les investisseurs sont optimistes, qui reste-t-il pour acheter ?

Cette approche peut paraître extrêmement systématique et hasardeuse mais elle est se situe néanmoins dans le prolongement logique de Dow.

En effet, dans la théorie de ce dernier, la deuxième phase correspond à une période de plus grande confiance dans le titre, associée à son achat par un nombre croissant d’investisseurs. Dès lors, au début de la troisième phase, l’ensemble des investisseurs positifs sur le titre se sont déjà positionnés à l’achat, tandis que les premiers « astucieux » se défont de leurs titres. Il se pose alors la question de savoir quels vont être les acheteurs qui vont permettre au titre de poursuivre sa hausse ! Le marché aurait même plutôt tendance à baisser dans la mesure où les premiers investisseurs cèdent leurs titres…

Afin d’estimer ces niveaux sensibles, les investisseurs recourent notamment aux sondages d’opinion portant sur la confiance des professionnels : un niveau particulièrement élevé de confiance est susceptible d’indiquer une situation de surachat, précurseur d’un retournement à la baisse. Une situation symétrique pourrait naturellement être observée à la baisse.

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2 Bases de l’analyse graphique

2.1 Résistances et supports horizontaux

La notion de supports et résistances est un des éléments clés de l’analyse graphique. Il s’appuie principalement sur l’idée que les décisions d’achat et de ventes sont dictées en partie, tant à l’échelle individuelle qu’à l’échelle du marché, par des considérations psychologiques.

Dès lors, les effets de seuil peuvent jouer un rôle déterminant. Si l’on prend le cas de Vivendi, on peut constater que le titre est venu à plusieurs reprises, au cours des mois d’avril et mai, tester la zone des 100 EUR.

Ce niveau est considéré comme étant un support car, à chaque tentative de le franchir à la baisse, le titre n’y parvient pas et repart à la hausse au cours des séances suivantes.

Ces seuils, une fois testés à plusieurs reprises, peuvent néanmoins être franchis et prendre alors la fonction inverse. C’est ainsi que, sur le titre Alcatel, le niveau des 50 EUR a durant un certain temps constitué une résistance. Toutefois, ce seuil a pu être franchi et est alors devenu un support.

L’existence de telles figures tient lui aussi au principe de mémoire des marchés. En effet, les investisseurs se souviennent des points de retournement antérieurs et sont ainsi en mesure, à l’approche de ces niveaux, de se positionner en conséquence. Ces anticipations deviennent de la sorte auto-réalisatrices, et renforcent un peu plus la valeur du seuil, support ou résistance. Dans le cas d’un support, ce sont les acheteurs qui exercent leur mémoire et prennent le dessus, tandis que ce sont les vendeurs qui l’emportent dans le cas d’une résistance.

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2.2 Résistances et supports obliques : la base des trends et canaux

Si de telles figures sont assez facilement identifiables sur un plan horizontal, car correspondant souvent à des seuils psychologiques ou techniques, il n’en va pas de même dans le cas des supports et résistances obliques, c’est à dire des droites de tendances.

En effet, il est souvent possible de faire apparaître des lignes obliques sur lesquelles viennent buter (résistance) ou se poser (support) le cours, comme le montrent les deux graphiques ci-contre. L’intérêt prédictif des droites de tendance tient au fait qu’il est ainsi possible de déterminer des objectifs à la hausse ou à la baisse et d’optimiser son timing.

Il est même souvent possible d’identifier des combinaisons parallèles de ces lignes, formant des canaux, à la hausse ou à la baisse. Le cours vient donc buter sur le haut du canal et se reposer sur le bas de celui-ci.

Ces tendances sont souvent extrêmement puissantes et traduisent bien la mémoire des marchés puisque des canaux peuvent être valables simultanément à long et à court termes. La puissance de ces tendances explique que leur fin (on dit du canal qu’il est « cassé », en général à la baisse pour un canal haussier et à la hausse pour un canal baissier) s’accompagne souvent d’une forte volatilité et peut amener le cours à s’inscrire dans une tendance inverse.

Cette situation peut être précédée de l’évolution du titre au sein de zones ou de canaux intermédiaires du canal, suggérant ainsi que la tendance est sur le point d’être invalidée (cf. graphe ci-dessous).

Les canaux sont également observables sur un plan horizontal ; on parle alors plutôt de « range » (intervalle). Ces figures sont la marque d’un marché peu enthousiaste quant au sens de variation du titre ou de l’indice.

Celui-ci varie ainsi autour d’un niveau moyen horizontal. Dès lors que ces ranges sont cassés (et la direction prise par le titre est alors moins évidente à déterminer que dans le cas d’un canal de tendance), l’objectif se définit comme pour les autres canaux, en reportant la largeur du canal au point de sortie dans la direction de variation du titre.

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3 Les figures

3.1 Figures de consolidation

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3.1.1 Triangles symétriques

En dehors des canaux, il est bon de remarquer que les associations de lignes de tendance ne sont pas nécessairement parallèles. Il est ainsi possible de faire apparaître d’autres figures caractéristiques, les plus connues étant les triangles. Celles-ci ne constituent plus des figures de tendance mais de consolidation.

Les formations en triangle symétrique (cf. graphique) sont les plus utilisées. Elles sont formées par une ligne de résistance baissière et une ligne de support haussière. Le cours vient ainsi tour à tour buter sur la ligne supérieure et se poser sur la ligne inférieure, dans des mouvement d’amplitude de plus en plus faible du fait du croisement des deux lignes de tendance. Cette figure est d’autant plus valide que le nombre d’impacts sur chacune des droites est important (le minimum étant naturellement de deux afin de déterminer l’orientation de ces droites).

Cette figure est relativement fréquente dans le cadre d’un trend de long terme. Autrement dit, le sens de sortie du triangle est généralement dans le prolongement du sens d’entrée. Cette sortie a normalement lieu avant la pointe du triangle, en général vers les trois quarts de sa longueur (mesurée depuis l’impact sur la deuxième ligne de tendance). La forme même de la figure, en resserrement, explique que la puissance « accumulée » par le titre se manifeste soudainement à la sortie de la formation, le titre variant fortement, avec des volumes traités en nette hausse.

Avec cette formation également, il est possible de déterminer des objectifs. En effet, celui-ci se trouve généralement, dans le cas d’une consolidation haussière, sur la parallèle à la ligne de support passant par le premier point d’impact (ligne de résistance). Un autre objectif correspond au report de la hauteur du triangle au niveau du point de sortie. Dans les deux cas, ce niveau doit être atteint avant la date marquant la point du triangle.