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Les situations, individuelles et collectives, actuelles, semblent cumuler le maximum de paradoxes : le plus grand nombre de citoyens dans et de l'Histoire, 6 milliards, semble ne rien peser face aux volontés et aux décisions d'une oligarchie-ploutocratie, de quelques centaines de milliers d'individus sur l'ensemble de la planète. Toutefois, les actions civiques sont plus effectives qu'on ne pourrait le croire, à première vue. Pendant que les dirigeants d'Etat gesticulent et choisissent semble t-il irrésistiblement les pires orientations, les peuples s'organisent : la "révolution bio" vient des citoyens, l'expression créatrice vient aussi des citoyens, pendant que la "culture d'Etat" ne va qu'aux momifications muséiformes, les mouvements, les associations, les connaissances écologiques sont le fait des citoyens pendant que les Grenelles de l'environnement mentent et trahissent. En Amérique du Sud, les citoyens ont réussi à dominer semble t-il sérieusement (mais il faut toujours être prudent) ces oligarchies-ploutocraties, alors que tout ce continent a été, dans les années 70 et 80, martyrisé par des extrêmes-droite. Mais malgré tout, malgré ces évolutions et révolutions, LA VIEILLE LOI ANTIQUE DES MAITRES ET DES ESCLAVES est toujours à l'oeuvre. En France, "la révolution de 1789" constitue un champ d'illusions pour les citoyens. La plupart des citoyens français et des citoyens de gauche ont une dévotion pour la "Révolution" qui fit de la France en Europe une grande nation. Or la Révolution a échoué, a subi une opposition radicale, durable et profonde de la "contre-révolution". Bien avant le directoire, le dynamisme révolutionnaire était étouffé, après que les principaux leaders de la Révolution aient été assassinés par une contre-révolution, dirigée au sein même de la Terreur par un Barère de Segonzac. Depuis cette période, la grande bourgeoisie française n'a jamais, jamais, permis que le peuple français puisse être souverain. La Commune de Paris a été effroyablement écrasée dans le sang. Les élites des années 30 ont préféré "le choix de la défaite", selon le remarquable titre de Madame Annie-Lacroix Riz. Le Front Populaire a été contredit efficacement par les dirigeants de la Banque de France, les radicaux, les sénateurs et par les actions souterraines de l'extrême-droite cagoularde et synarque. De Gaulle a toujours méprisé le peuple. La 5ème République est constitutionnellement copiée sur le Reich du Kaïser Guillaume 1er et de Bismarck. En mai 68, le peuple dans la rue s'est fait tiré dessus, frappé. 81 a été un beau rêve, vite renvoyé au principe de réalité... Bref, les citoyens "républicains" et de gauche devraient avoir cette lucidité de le constater : le peuple français a toujours été tenu à l'écart du pouvoir, comme aujourd'hui, parce qu'une minorité entend NE PAS TRAVAILLER et vivre de ses RENTES. Et il s'agit d'une volonté de fer. Face à elle, que... faire ?