A l'aube d'une nouvelle Coupe du Monde de football, l'image des Bleus souffre. Décriés par les médias et une partie du public, les Bleus font débat. Sous les feux des critiques, on note entres autres : le sélectionneur, des jeunes à l'égo surdimensionnés, un capitaine à la main baladeuse, des piliers suspectés par la justice, un président maladroit. Mais soyons honnêtes : si l'Equipe de France de football jouait superbement bien, si elle gagnait avec brio ses matchs, ces critiques seraient-elles aussi nombreuses ? Certainement pas.
Or, comment une équipe nait-elle ? Comment une somme d'individualités devient-elle une équipe ? Les différents stages prévues jusqu'à la Coupe du Monde ont justement pour but de répondre à ces questions. Pour cela, le groupe a besoin de passer du temps ensemble. De s'enfermer dans une bulle pour se découvrir, s'apprécier, se comprendre, s'écouter, pour créer des complicités. En 98, les joueurs avaient vanté les mérites du stage de Tignes, tout comme les nouveaux champions de France marseillais qui se sont "trouvés" lors d'un stage en Espagnol cet hiver.
On espère donc que les différents stages de la bande de Domenech seront tout aussi
efficaces. De son côté, la Fédération Française de Football a mis en place un programme intense. La preuve en est dans la dernière campagne de pub de l'opérateur téléphonique SFR (photo ci-contre du journal L'Equipe). Le sponsor de la FFF organise un concours pour envoyer dix de ses clients assister au stage des Bleus. Côté annonceur,
c'est une formidable activation de son partenariat. Quoi rêver de mieux tant pour le partenaire que pour les fans qui pourront approcher les joueurs dans un contexte exceptionnel
?
Cependant, cela peut soulever quelques interrogations. Cela pertube-t-il un groupe qui tente en vain de se former depuis des mois (années?) ? Peut-on laisser la porte ouverte aux sponsors de la sorte ? Il ne faut pas s'y méprendre : ce que SFR est autorisé à faire, les autres partenaires peuvent également se le permettre. Les portes sont bien ouvertes pour tout le monde.
Il n'est pas question de cracher dans la soupe. Mais l'objet est de savoir jusqu'où le sponsoring sportif peut aller. Ce type d'opérations orchestrées par la FFF semble montrer les limites du système et met peut être en péril son produit : le jeu de l'équipe, ses résultats et donc son image.
Pour exister, les Bleus ont un besoin vital des sponsors. C'est une évidence. En retour, les joueurs ont des devoirs. Ils doivent ainsi se plier à bons nombres d'opérations marketing en leur faveur. C'est tout à fait normal et finalement, eu égard à l'agenda d'un joueur professionnal en stage à Clairefontaine (Centre Technique National) qui se résume à un entrainement de deux heures par jour, ce n'est pas du tout abérrant. Mais ne faut-il pas distinguer la préparation d'un match qualificatif à l'opération commando qui prépare une équipe à gagner le trophée le plus important au monde ? D'autant plus que c'est ce même trophée qui rapportera une pluie de retombées économiques à tous les acteurs, joueurs et sponsors.
L'opération présente également des risques pour le sponsor. Si l'équipe se plante en Afrique du Sud, on
peut imaginer que les médias vont éplucher tous les paramètres qui peuvent expliquer les raisons d'un échec. On se souvient d'ailleurs du traitement médiatique réservé aux Bleus à leur retour de
Corée pour la Coupe du Monde 2002. Le risque est qu'ils pointent du doigt ce genre d'opérations marketing comme étant des éléments perturbateurs de la préparation du onze tricolore. En
communiquant de la sorte, SFR s'expose bien plus qu'en ayant orchestré une communication hors media.
Alors, bonne ou mauvaise initiative cette opération marketing au coeur de la Coupe du Monde ? Bien sur, il y a un moyen
simple de clore le débat : une victoire en finale de l'Equipe de France...