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Faut-il tuer les canards boiteux ?

Publié le 06 décembre 2007 par Laurent Dureau

50.000 faillites par an en France soit environ 2% des entreprises. A priori totalement normal pour qu'un tissu économique se renouvelle sinon nous aurions encore le forgeron local et la clique de métiers et professions obsolètes. Or ce taux est insuffisant pour assurer une bonne santé à l'économie française.

Le taux de création d'entreprise est d'environ 6 à 8%. Un calcul basique démontre que l'obésité est là et qu'elle est contre productive. Certes la mort d'une entreprise n'a rien d'une partie de plaisir et pourtant...

Je sais, la théorie est discutable mais cela ne l'empêche pas d'être vraie !

Je passe sur les emplois perdus, les travailleurs laissés sur le carreau, les pertes fiscales pour la commune, l'état et les divers dommages collatéraux. C'est dramatique comme la mort peut l'être dans le monde du vivant.

C'est une variable nécessaire pour assurer un renouvellement suffisant afin de survivre. Alors pourquoi vouloir s'acharner à maintenir en vie une entreprise qui n'est plus du tout à l'ordre du jour.

Pourquoi l'Urssaf et le trésor Public doivent-ils accorder, de bonne foi, des moratoires pour l'échelonnement des taxes diverses. Jusqu'à quel point sont-ils coupables de concurrence déloyale en accordant des privilèges à certains pendant que d'autres souffrent aussi ?

Vouloir maintenir en vie une entreprise qui est à l'article de la mort relève de la même pensée que celle de l'acharnement médical. Les ardents défenseurs de l'euthanasie ont largement de quoi débattre à ce sujet.

Il en est de même pour une entreprise. Peut-elle décider de mourir en paix ? Peut-on l'aider à passer le cap sans attendre les milliers voire les millions ou centaines de millions d'euros de dettes qui plomberont les biens-vivants ?

Les économistes estiment qu'il faudrait au moins doubler le nombre de faillite d'entreprise pour rééquilibrer la balance entre un vivant toujours plus prolifique et des morts qui n'en finissent pas de mourir.

Statistiquement quand une entreprise meurt, 3 à 4 autres naissent. Alors pourquoi continuer à vouloir se focaliser sur la mort quand la vie est aussi prolifique ?

Le tout tient en un seul mot : la peur. Du travailleur au politicien, chacun a peur pour son job ou sa réélection. La peur bloque tous les rouages car chacun ne voit que le côté négatif des choses. Cette névrose constamment entretenue par la mentalité française agace particulièrement les créateurs d'entreprises.

Je ne parle pas d'eugénisme d'entreprise mais seulement de prendre du recul et d'accepter qu'une entreprise meure simplement parce qu'elle n'est plus à la page. Il y a un monde de différence entre une maladie passagère et un malade en phase finale.

Personnellement, je porte à bout de bras une entreprise personnelle que j'aurai du fermer depuis 2 ans. C'est une coquille vide mais que je ne peux la fermer à cause d'un texte de loi valable pour une entreprise active et totalement inadapté à mon cas.

Coincé entre le marteau et l'enclume, cela me coûte chaque mois quelque chose au-dessus de mes moyens tout en étant moins cher que si je la fermais. N'ayant aucune dette à payer, aucun passif, je suis encore obligé de payer une Taxe Professionnelle ahurissante sans compter les charges sociales.

Quand les fonctionnaires, à coup de "c'est la loi", me disent qu'ils faut payer ou arrêter cette activité, je me rends compte qu'ils ne connaissent qu'une toute petite partie de la "Loi". S'ils avaient la possibilité d'être à ma place, ils changeraient de discours très très vite.

Oui, je suis pour sauver les entreprises qui peuvent l'être mais, je suis aussi pour celles qui veulent mourir. Quand à celles qui vivent sur le dos des autres en ne payant pas leurs charges, qui vident les caisses de toutes les subventions possibles (mairie, région ou état) et qui laisseront des ardoises de toute façon, il serait sanitaire de faire quelque chose.

C'est aussi cela qui pourrit l'ambiance entrepreneuriale en France. On passe beaucoup de temps à vouloir sauver des malades ayant plein de bilans au lieu d'en passer un peu plus avec ceux qui n'ont pas encore de bilan.

La vie et la mort ne sont que les deux facettes de la vie comme le sont les énergies masculines et féminines. Ne choisir que l'un c'est assurément apporter les malaises, les emmerdes et, in fine, les maladies.

On retombe dans la parité, l'égalité des chances, la diversité, les jeunes et les seniors. Tout cela c'est la même musique vu sous des angles différents. Ce n'est qu'une histoire de dualité stérile. Alors, bougeons-nous et soyons au-dessus des clivages de la dualité.

Et puis, reconnaissons que la peur et le pessimisme ne sont pas de bons conseillers en termes de dualité.

Laurent DUREAU


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