Retraites des idées au profit du capital

Publié le 22 mai 2010 par Chezfab

Que la droite et les MEDEF aient une envie d’aider nos amis capitalistes à capter les milliards d’euros de la protection sociale pour jouer avec, nous pourrions le comprendre sans aucun problème (et nous le combattons, bien entendu). Mais que le PS, Europe Ecologie / Les Verts et la CFDT se fassent complices de cela, c’est plus problématique. Explications….

Commençons par le début : le pourrissement de l’idée politique au sein des think tank. Que sont ces « cercles de pensée » : des lobbies ! Rien de plus. En fait, de (pseudos) intellectuels se réunissent pour être grassement payés dans une bulle à penser. Et cette bulle à penser est financée par de gros groupes industriels. A droite, c’est l’Institut Montaigne (Créée par le patron d’Axa) qui tient la corde. A gauche, c’est Terra Nova. Problème : ces deux « fournisseurs de pensée en boite » sont financés par de grands groupes … et notamment d’assurances privées (Voir ici les mécènes de Terra Nova et là ceux de l’Institut Montaigne) ! Et on va me dire « et la CFDT que vient elle faire là ? ». La réponse est simple : elle s’abreuve des idées préconçues par un « cercle » appelé La république des idées… qui n’est qu’une sous branche de Terra Nova !

Nous le voyons tout de suite : ces instituts sont tout, sauf indépendantes ! Comment peut-on croire qu’elles n’ont pas pour mission de favoriser les positions de leurs donateurs ? C'est-à-dire, dans le cas des retraites, les positions de groupe comme AXA par exemple…

Et bien, croyez le ou non, toutes les propositions sur les retraites du PS, d’Europe Ecologie et de la CFDT sont issues, en droite ligne, de ces instituts (il suffit de lire les dossiers proposés pour le voir). Et le mot à la mode est donc « passer au régime suédois » pour les retraites.

Hors, qu’est ce que le régime suédois : un régime qui fixe un taux fixe de cotisation, une somme maximale en fin de vie et demande un complément par le biais du privé. Vous l’aurez deviné : la somme fixe ne permet pas de vivre, et oblige donc les cotisants à prendre une assurance privée en plus. Pire, la loi interdit de changer le taux de cotisation dans l’avenir, ce qui oblige, de fait, à avoir de plus en plus recours au privé. La seule chose c’est que par tradition, en Suède, les accords de branches prennent en compte la fourniture d’une complémentaire par les entreprises. Voir ICI.

Mais en France, point de cela : l’idée serait la fameuse retraite à la carte, avec des « plus valus » et autre. Bien sur, cela permet de dire que l’on ne touche pas aux 60 ans. Mais dans les faits, en faisant baisser les pensions de retraites, c’est l’obligation de rester au travail qui est là. Surtout quand on parle d’augmenter le nombre d’années de cotisation…

Et surtout, personne ne parle de complémentaires obligatoires par le patronat ! C’est donc la double victoire : des retraites en baisse, qui obligent à prendre un relai dans le privé (transférant de fait une partie de la protection social vers celui-ci) et c’est le jackpot !

Loin de s’émouvoir de cela, les amis des « cercles de pensée » se font les chantres de la propagande pro assureurs ! Soit pas candeur (j’ose l’espérer… non en fait), soit de bon gré et là c’est plus problématique, cela terminant de coller la pseudo gauche ci-dessus au marché. A vous de vous faire un avis, le mien étant fait depuis longtemps…

Ces think tank sont la mort du politique, « l’apolitisation » mise en avant. Comme dans l’écologie avec la Fondation Hulot ou celle de Yann Athus Bertrand, ils sont là pour donner la main au capitalisme, au détriment des peuples. Voir des forces dites de gauche se laisser berner aussi facilement a de quoi révulser. On ne peut pas interdire ces « cercles de pensée » mais il faut les combattre avec force. Et surtout décrypter qui se cache derrière …

Le politique doit reprendre ses droits, les peuples doivent se réapproprier leur destin au plus vite. Quand un « penseur » parle à la télé, vérifiez pour combien il le fait (un exemple avec la Speakers Academy) et s’il est rattaché à une de ces boites à vendre de la pensée en poudre.

Et surtout n’oublions jamais que c’est le peuple qui a l’intelligence collective pour lui, et que nul ne peut penser pour lui… D’autres choix sont possibles que ceux des ultra libéraux et de la gauche des marchés. Imposons-les !

(J’ai lu dans le Charlie Hebdo de cette semaine un article proche de ce billet qui m'a permis de l'améliorer et dele compléter. Je ne peux que vous conseiller la lecture de cet article, et de Charlie Hebdo au passage)