Retour sur la saison de l’argentin Lucho Gonzalez arrivé cette saison en provenance du FC Porto.
Son début de saison.
L’Olympique de Marseille sort de quatre très bonnes saisons en termes de régularité. Mais il lui manque le plus important : des titres. Dix sept ans –dix-huit si on est pointilleux- que les supporters n’ont plus fêté les siens sur le vieux port comme le veut la coutume locale. Robert Louis Dreyfus fait un ultime cadeau avant de « s’en aller », il offre à son entraîneur Didier Deschamps et au peuple marseillais un joueur de top niveau, le stratège et maître à jouer du FC Porto, l’argentin Lucho Gonzalez.
La première question qui se pose est dans quel état physique est Lucho, car il arrive sur la Canebière après une longue période d’inactivité dû à une blessure lors du ¼ de finale retour en ligue des champions entre Porto et Manchester. Ses premiers pas sont très observés, scrutés, jaugés, jugés. Arrive alors la tuile, en match de préparation face à Saint-Étienne, Lucho dans un duel avec Mirallas retombe mal et se fracture la clavicule. Coup dur pour l’argentin et son équipe car il manque le début du championnat.
Son retour sur les pelouses de L1 est plus qu’attendu. Il se fait le 12 septembre au Mans. Son adaptation est très difficile car il doit digérer le fait d’arriver dans un nouveau pays, une nouvelle langue, un nouveau championnat beaucoup plus physique et défensif que la Superliga portugaise. Et surtout son manque de rythme est flagrant. Les premières critiques ne tardent pas à apparaître. Les mauvaises langues, les footix, mais aussi pas mal de journalistes et observateurs avisés mettent alors en doute ses qualités et ses capacités à devenir un joueur majeur et décisif. On le trouve lent, on lui reproche son manque d’agressivité, sa capacité à mener le jeu olympien. Le monde du football se demande si l’OM n’a pas fait une « Keita » et met en doute son mental à assumer le poids de son transfert. Ses débuts sont oubliés que ce soit dans le club de Huracan, puis lors de son transfert au club mythique de River Plate et ses « barras bravas », ses duels épiques face au Boca Juniors. A Porto, à l’image de Marseille, le public est très connaisseur et très exigeant, donc la pression il sait ce que c’est. Lucho, à l’instar de son pote Lisandro, est très peu bavard. Il sait qu’il n’apporte pas tout ce que l’on attend de lui, et que les réponses il les donne sur le terrain.
Didier Deschamps lui ne doute pas un seul instant du talent de l’argentin. L’entraîneur sait que son joueur a besoin de temps de jeu, d’aligner des matchs, mais surtout de travailler les automatismes avec le trio offensif. DD change même sa tactique et passe du 4-3-3 au 4-4-2 pour soulager Lucho à la récupération. Ses matchs sont alors plus consistants, plus aboutis, on devine alors le potentiel et le talent d’ « El Commandante », surnom donné par les supporters de Porto pour sa ressemblance avec le Che et sa manière de fêter ses buts. Il n’est pas encore régulier mais les progrès sont visibles. Malheureusement deux nouvelles blessures fin Octobre à Toulouse et fin Décembre face à Auxerre vont de nouveau perturber le retour en forme de Lucho.
Après la trêve.
En ce début de saison 2010, le coach Deschamps trouve son équipe type, ce qui permet à Lucho et ses partenaires de travailler les automatismes, d’affiner la relation technique entre le milieu et l’attaque.
La principale force de Lucho est la passe en première intention, sans contrôle. Il a cette qualité rare de voir le jeu et le placement de ses attaquants avant même de recevoir la balle. Niang, Brandão, jusqu’à présent ont joué plus dans un rôle de pivot et avaient tendance à trop garder la balle. Dans une très belle interview parue cette semaine dans France Football il affirme « Je suis là pour apporter du liant, faire de bonnes passes, créer du jeu. J’essaie de faire les choses le plus simple possible, c’est souvent ce qui a de plus difficile ». La deuxième force du gaucho c’est de se projeter rapidement dans la surface adverse et d’être présent sur les deuxièmes ballons, ce qu’il lui vaut de marquer des buts assez régulièrement. Sa troisième qualité c’est la récupération du cuir, avec un harcèlement et un pressing sans relâche sur le porteur de la balle. Certes il est un tout petit peu moins rapide qu’Usain Bolt mais il a une énorme capacité d’endurance et un placement tactique toujours très intelligent. Et comme il le dit si bien « je n’ai pas besoin de courir vite, c’est le ballon qui doit être rapide ».
Un tournant de la saison que peu de spécialistes ont souligné, la blessure de Cheyrou lors du 1/8 de finale retour en Europa League. En effet, Lucho est désormais le préposé au coup de pieds arrêtés. Lors de la finale de la coupe de la ligue, il offre le 1er but sur corner à Souleymane Diawara. Les passes décisives vont alors s’enfiler comme des perles avec comme point d’orgue son match face à Nice où il présent sur les quatre buts du match, dont trois passes décisives. Lucho redevient El Commandante. Et le public si difficile du Vélodrome en fait alors son chouchou. Il marque le troisième but face à Rennes lors du match qui donne le titre à l’OM, tout un symbole. Ce qui fait que l’Argentin remporte son cinquième titre de champion d’affilé, quatre avec Porto et donc un avec Marseille.
Son bilan statistique est très bon pour une première saison perturbée par des blessures et un temps d’adaptation nécessaire dans un nouvel environnement et de nouveaux partenaires. Cinq buts marqués –dont un face au PSG- onze passe décisives et des caviars en quantité. Il a tout de même manqué quelques buts faciles et un penalty important face au Real. Une autre déception, sa non convocation par Diego Maradona pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Le côté positif c’est qu’il aura ainsi plus de temps pour récupérer et faire une préparation complète pour démarrer la saison au top, en attendant……
El Commandante vous salue.