On s'en doutait un peu en analysant la méthode et l'impact des lois Hadopi et Loopsi , on en est convaincu en le voyant estimer pouvoir identifier les organisateurs des apéros géants afin de leur envoyer la facture.
Pourtant, les émissaires qu'il envoie en banlieue doivent connaitre Ali au pays des merveilles, celui qui ne voyage que par shadowsurf.com et anonymouse.org... Il n'est pas SDF, Ali, il est sans IP fixe.
Et puis, grâce au miracle des nombreux sites de rencontres de toutes sortes, nous avons tous un copain au Boutdumondistan septentrional qui se fera une joie, en lançant de chez lui une convocation non localisable, de compliquer la vie d'un ministre français qui a renvoyé au bled avec du chatterton sur la bouche nombre de ses compatriotes qui avaient voulu tenter leur chance chez nous. Tiens, il y a aussi la solution pakistanaise.. . Mais si eux, n'ont pas d'apéros géants, que Hortefeux ne se fasse pas d'illusion, ce n'est pas parce qu'on leur a coupé Facebook, qui possède cent équivalents officiels et mille officieux, c'est surtout parce qu'ils ne boivent pas d'alcool...
Il n'est que de voir ses effets en Suisse avec la « votation » contre la construction de minarets. Dans le film, l'initiative populaire, dite « démocratie absolue », condamne un chef d'état à mort alors que le projet précédent de 8th Wonderland consistait à organiser une campagne mondiale contre la peine de mort. Déraillement inévitable des mouvements de foule sans leaders.
L'expression démocratique a besoin d'élus pour porter ses idées, d'hommes qui répondent ensuite de la cohérence de leur politique. L'opinion populaire entièrement livrée à elle-même ressemble trop à ces essaims d'oiseaux ou ces bancs de poissons qui tournent en rond en formant, certes, de jolis dessins abstraits, mais surtout sans pouvoir décider avec cohérence quelle direction ils doivent prendre...
La Commission Nationale de déontologie et de Sécurité dénonce un cas de suicide clairement dû au traitement homophobe d'un délit mineur par des policiers un peu imbus de leur virilité, pendant qu'au Malawi, deux pauvres petits gars qui avaient simulé une noce gay se voient condamnés « pour offense à l'ordre de la nature » à quatorze ans d'un bagne où on ne survit que cinq ans... Si vous avez décidé d'aller en vacances là-bas, relisez les conditions de rétractation avant de prendre votre billet.
Si nos hommes politiques en avaient, et c'est là la preuve qu'il ne suffit pas de se proclamer hétéro et de faire la charité de quelques bienveillances aux gays pour en avoir, ils proposeraient à grand tapage médiatique l'asile politique à ces deux malheureux. Cela ferait avancer d'un grand pas le consensus international auquel nous travaillons pour dépénaliser universellement l'homosexualité. Mais comme je l'ai dit, il faudrait qu'ils en aient. Et qu'ils rétablissent la préséance de l'instituteur sur le pasteur.
Voir les vidéos sur le lien.
Le Baiser de la Lune. -histoire édifiante-
L'histoire du Baiser de la Lune me rappelle une, un peu semblable, survenue en 1963 à l'ORTF. Comme quoi les choses changent peu. Au début de la 2° chaîne, un réalisateur de génie, un des défricheurs du trucage vidéo, un des « inventeurs de la vidéo comme 8° art », Jean Christophe Averty. propose une émission de variété originale : Les Raisins Verts. Les présentatrices y sont pour la première fois au petit écran remplacées par des sketches, conçus par les potes de Charlie Hebdo, dont le professeur Choron. Jusque là, les variétés de la télé, c'était Jean Nohain, Mireille et Gilles Margaritis...
Tout ce que la France ringarde d'alors comportait de blaireaux, ceux-là même qui ont involontairement tant contribué à mai 68, monta sur ses grands ânes, et ce fut un scandale national qui fit la première page de France-Soir, le grand journal de l'époque... « Les Raisins Verts » furent déprogrammés.
« On m'informe, récita-t-il la rage au ventre et le regard vitreux derrière ses grosses lunettes, que l'émission « Les Raisins verts » de Jean Christophe Averty, qui a été supprimée de la deuxième chaîne, mais qui était présentée au festival de télévision de Venise, a remporté le grand prix de la technique, le grand prix de... le grand prix de.., le prix spécial du jury pour... ».
Je ne me souviens plus du détail de tous ces prix, ce dont je me souviens, c'est que cette émission rénégate, reléguée aux tiroirs, les avait quasiment tous raflés.
Eh bien, il vient d'arriver la même chose au Baiser de la Lune, ce petit film éducatif contre l'homophobie.
Ici, petit récapitulatif à lire de bas en haut.
Ce film, dont la plupart des édiles s'étaient désolidarisés par lâcheté devant les pressions réactionnaires, vient d'être couronné par un prix, certes moins conséquent que les trophées de la biennale de Venise, mais suffisamment significatif pour illustrer la haine que nos autorités professent pour tout ce qui est signifiant, tout ce qui tire vers le haut les droits individuels et les libertés, tout ce qui tente d'assouplir le joug que les forces conservatrices croient devoir faire peser sur la société pour mieux la mettre à sa botte.
Finissons enfin par deux Illusionnistes. Le premier est un film, réalisé par l'auteur des fameuses « Triplettes de Belleville »..
L'autre illusionniste est beaucoup moins drôle. Il s'appelle Dominique Strauss Kahn, et il est grand maître de la pompe à phynances. Alors, forcément, il ne voit pas les choses comme tout le monde.
Il a donc déclaré que « si on devait vivre jusqu'à cent ans, on ne pouvait pas continuer à prendre sa retraite à 60... »
Et pourquoi pas, monsieur le chef des esclaves ? Est-ce pour rien que nous avons aboli l'esclavage, fait la révolution et le front populaire, que tant de gens sont morts pour humaniser la vie des travailleurs, que nous avons pas à pas amélioré nos conditions face à une exploitation aussi inhumaine qu'éhontée de l'homme par l'homme ?
La France est-elle vouée à devenir, comme les pays anglo-saxons, des pays sans gauche, avec un seul choix électoral entre des exploiteurs religieux et des exploiteurs laïques, une alternative entre ceux qui marchent au plafond et ceux qui ont la tête dans les nuages ?
Aux armes, citoyens !