Avec son visage à la Schubert et son allure d’intello dandy, le globe-trotter Ernst Loosen est devenu l’ambassadeur privilégié des vins allemands. Incorrigible gourmet et cuisinier hors pair, il a à coeur d’offrir les vins les mieux élaborés du secteur le plus prestigieux de la Moselle.
Avec la complicité de son remarquable chef de cave, Bernhard Schug, et des très vieilles vignes non greffées du domaine, il produit des vins d’une intensité de parfum et d’une précision dans la définition du terroir inégalables.
Le Bernkasteler Lay séduit par sa minéralité subtile, le Wehlener Sonnenuhr par son élégance de parfum, l’Ürziger Würzgarten par son bouquet épicé et les vins d’Erden par leur chair et leur harmonie.
Nous recommandons tous les vins de la catégorie spätlese, vins secs à doux, récoltés bien au-delà des normes de maturité habituelles, car ils sont les plus fidèles aux micro-différences de terroirs.
Ernst Loosen est aussi responsable dans le Palatinat des vins de la Weingut J. L. Wolf où il élabore de superbes rieslings secs dont le Wachenheimer Gerümpel, à la saveur très pure de pêche blanche et de melon.
Le vigneron Armin Diel est aussi le plus célèbre critique de vins de son pays. Il dirige avec son complice Joël Payne le guide de référence des vins allemands. Aucun collègue ne lui pardonnerait le moindre laisser-aller dans ses vignes, mais il va beaucoup plus loin en présentant un vignoble modèle et des vins dont la finesse peut difficilement être surpassée.
Jamais avant lui les coteaux schisteux de Dorsheim n’avaient produits de rieslings aussi aboutis, alliant la finesse aromatique et le grain de la Moselle à la vinosité de la vallée du Rhin.
Le cru Godloch offre le bouquet le plus original, mais il arrive que le Pittermännchen l’égale, voire le dépasse. Tous les vins de ces deux crus sont de type classique, faibles en alcool (8°), demi-secs, voire moelleux, mais avec une liqueur merveilleusement équilibrée par l’acidité. C’est encore plus vrai avec ses sublimes vins de glace.
Diel s’est aussi rendu célèbre par ses blancs secs de cépages bourguignons élevés sous bois, moins originaux et intéressants pour un amateur français, mais que l’on n’hésitera jamais à consommer dans les meilleurs restaurants allemands.
Bürklin-Wolf
A la fin du XIXème siècle, les rieslings du Palatinat étaient les plus recherchés et les plus coûteux de la planète. Après une longue éclipse, ils reviennent en force. Nul n’y a plus contribué que ce grand domaine ambitieux de 85 hectares dirigé de main de maître par Christian Von Guradze.
Il a fait le choix de favoriser la production de vins secs de très haute maturité, 13° et plus, concentrés par des rendemants très faibles de 40 hl/ha et issus de terroirs remarquables comme les Forster Kirchenstück, Jesuitengarten, Pechstein et Ungeheuer, ou les Ruppertsberger Reiterpfad et Gaisböhl, classés grands crus. Leur saveur somptueuse et leur éclat n’ont aucun équivalent en Allemagne et donneront du souci à beaucoup de vignerons alsaciens dont les vins sont loin de les égaler en ampleur et en vinosité.
La douceur particulière du microclimat a permis un développement harmonieux de la pourriture noble en 2002 avec à la clé des trockenbeerenauslesen (liquoreux) d’anthologie.
Bernhard Breuer s’est dévoué depuis vingt ans pour la résurrection des vins secs de la vallée du Rhin. Il faut dire que son superbe vignoble du coteau du Berg à Rüdesheim favorise ce type de vin : à cause de son exposition, il est sans doute le plus sec et le plus ensoleillé de la vallée.
Grand admirateur des vins français et de la culture de notre pays, il est devenu au fil des ans un vinificateur très adroit : ses vins les plus réussis, Rauenthaler, Nonnenberg et Rüdesheimer Berg Schlossberg, possèdent une pureté cristalline absolument inoubliable et un tranchant sans agressivité.
Ces cuvées doivent vieillir au moins cinq ans pour que s’épanouissent leurs notes minérales incomparables, données par les schistes du secteur, et un passage en carafe une heure avant le service est nécessaire. Les moelleux et les liquoreux possèdent une classe folle car ils ne sont produits qu’à partir de raisins de pourriture parfaitement noble et sans la moindre oxydation due à la fermentation.
Si Fritz et Agnès Hasselbach aiment se montrer photographiés sur leur Harley-Davidson, leurs vins restent des modèles de rieslin gs traditionnels de la vallée du Rhin, faibles en alcool transformé, vinifiés avec une forte réduction et protégés par le gaz carbonique naturel de la fermentation.
Au bout de cinq à six ans, l’amertume se fond et le bouquet noblement minéral des terres rouges de Nackenheim se déploie avec majesté, particulièrement dans les sublimes auslese, beerenauslese, et trockenbeerenauslese, d’une intensité et d’un mordant qui peuvent même choquer le néophyte. La gloire locale du domaine n’a jamais empêché le couple de vignerons de perfectionner ses vinifications.
Fürtslich Castellsches Domänemamt
Les Castell-Castell sont une vieille et prestigieuse famille allemande qui porte le nom de son village. Le domaine de 65 hectares, situé en Franconie, n’a jamais eu la réputation mondiale des grands terroirs du Rhin, car la région ne favorise pas la culture du riesling, qui représente seulement 6 % de la superficie, mais celle du sylvaner, cépage en principe bien moins noble. Beaucoup trop de vins de la région sont en effet fort médiocres.
Pourtant, grâce à une agriculture rigoureuse, à des vinifications magistrales et à des sols en forte teneur en gypse, le sylvaner produit au Domaine Castell donne des vins de plus en plus remarquables, qui surclassent toutes les expressions connues du même cépage en Alsace ou dans le reste de l’Allemagne.
Le cru de Schlossberg et dans une moindre mesure Kugelspiel donnent naissance à des vins complets quia ssocient vivacité, vinosité étonnante et persistante, du spätlese sec au trockenbeerenauslese, absolument grandiose.
Le réchauffement de la planète n’est pas la seule explication possible aux progrès spectaculaires des vins rouges du pays de Bade. Une poignée de viticulteurs d’élite, amoureux fous de la Bourgogne, a décidé – avec beaucoup plus de rigueur – de cultiver le pinot noir, étonnamment adapté aux sols volcaniques ou calcaires du secteur, et d’apprendre à la source comment le vinifier et l’élever.
Au coeur du Kaiserstuhl, distant d’à peine plus de 50 kilomètres de Colmar, Karl Heinz Johner accomplit des miracles avec ses merveilleux pinots blancs, weisser burgunder, et ses pinots noirs, spätburgunder, de grande race.
Le millésime 2000 a, il y a quelques années lors d’une dégustation de pinots noirs du monde entier en Nouvelle-Zélande, dominé tous ses pairs américains, européens, australiens et néo-zélandais. La charpente, la complexité aromatique et la noblesse de tanin de la cuvée SJ, sommet de la production du domaine, ne surprendra que ceux qui ne veulent pas voir plus loin que le bout de leur clocher.
Roman Niewodniczanski est l’héritier d’une grande famille de brasseurs qui a décidé de revenir à un style de vin plus sec et un peu plus élevé en alcool (11 à 12,5°) que ceux de son voisin Egon Müller.
Cette pratique qui semble avoir été courante au XIXème siècle, donne un supplément de force dans l’expression des terroirs schisteux du Scharzhofberg, du Gottesfuss (sublime cuvée de vieilles vignes non greffées) et du Klosterberg à Wiltingen, et permet surtout aux vins de s’associer plus facilement aux usages gastronomiques. L’expression « tranchant comem l’acier » prend tout son sens dans les millésimes récents de la propriété.
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