David Fincher revient en force avec ce thriller à rallonge dans la veine du monumental Seven.
Le film retrace la longue et tortueuse enquête menée aux Etats-Unis par les services de police de San Francisco et des journalistes du San Francisco Chronicle pour coincer un tueur en série en mal de reconnaissance qui se fait appeler le Zodiac. Un Zodiac énigmatique, joueur, ambitieux, qui nargue aussi bien les forces de l'ordre que les médias, dont il se sert comme d'une vitrine.
L'on va donc suivre, sur plus de vingt ans, le travail acharné de cette poignée d'hommes décidés à coincer le dangereux criminel, qui revendiquera pas moins d'une trentaine de meurtres, et plusieurs attaques sur civils laissées sans suite. Une reconstitution minutieuse, documentée, qui se veut aussi authentique que possible. Let's investigate!
L'histoire d'abord: captivante. Une première partie filmée comme un face à face entre les enquêteurs et le tueur, destinée à cerner le profil du criminel et son goût pour le jeu d'une part, et à justifier l'acharnement que mettront les enquêteurs à le coincer d'autre part.
L'intro, en ce sens, est magistrale, glaçante, impeccablement mise en place telle une leçon élémentaire de ce que doit être le thriller à l'écran: sombre, imprévisible, jouant habilement sur la suggestion, et sur la tension dramatique qui s'installe, étouffante, tandis que les premiers enjeux affleurent, sans qu'il soit cependant possible d'en tirer immédiatement une quelconque logique. D'ailleurs, la logique, ici, n'a de sens que tant que l'on s'attache au "rituel" du Zodiac. Méticuleux, il ne laisse rien au hasard, ni dans sa façon d'opérer, ni dans les indices choisis qu'il laisse derrière lui, comme un ultime affront fait aux victimes. Car, au-delà de la simple "mécanique" d'action, le Zodiac n'a pas de mobile. Rien qui soit flagrant tant ses victimes, si elles ont des points communs, sont fauchées au hasard. Et c'est la première source de frustration du récit: que revendiquait ce type, en fin de compte? Il ne fait pas ça par vengeance, ni par idéal ou pour exprimer des opinions extrêmes. Rien de tangible, en somme. Juste le plaisir de tuer, aléatoirement. Et si, assez vite, un parallèle est fait avec le personnage du comte Zaroff (cf. La Chasse du comte Zaroff), celui-ci, après avoir semblé pertinent, ne paraît plus pouvoir s'appliquer par la suite, dans la mesure ou les assassinats perpétrés par le Zodiac ne vont pas de paire avec la "traque". Cette absence de mobile, associée à l'apparent hasard avec lequel il choisit ses victimes, parachève le portrait d'un criminel propre à semer la terreur, et que l'Amérique considèrera d'ailleurs comme son Jack l'Eventreur.
On fait ensuite connaissance avec les principaux protagonistes qui découvrent, en même temps que nous, spectateurs, les méfaits du Zodiac. Un Zodiac qui n'hésite pas à orchestrer sa propre campagne de "pub" en adressant d'étranges missives assorties de cryptogrammes aux journaux les plus influents de San Francisco, dont le San Francisco Chronicle. Et tandis que, invisible, le Zodiac mystifie l'opinion publique, on est imprégné peu à peu du climat à la fois tendu et extatique qui accompagne chacune des lettres du Zodiac, sujettes à maints débats, à mille questionnements. Bientôt, les énigmes lancées par le serial killer deviennent le sport à la mode, tel un sudoku des 70's, relayées en grandes pompes par tous les médias, en contrepied de la psychose qu'il est en train de créer simultanément. Et, de fait, la tension est palpable, rythmées intelligemment par quelques petits pics d'adrénaline et autres ressorts intriguants disséminés ça et là pour nous garder "sur le coup". On est captivés, alors que Fincher nous dévoile comment, en les prenant en otage, le Zodiac a convaincu les médias de se rendre complices de son oeuvre macabre, en leur imposant de l'ériger au rang de phénomène.
La seconde partie est d'avantage portée sur l'enquête pure, et les implications personnelles pour
chaque investigateur affecté à cet enquête. Car c'est à ça que Fincher s'attache le plus:
En bref, l'intrigue est captivante, l'atmosphère 70's so perfect, la brochette d'acteurs talenteuse au possible et David Fincher, derrière la caméra, inspiré, conférant une sobriété et une classe à son récit qui frôle la perfection dans le genre. Mais l'histoire, que l'on pourra juger longue malgré sa construction sans faille, dense et complexe, recelant mille et un détails, pourrait en dérouter plus d'un. Disons que deux visionnages valent mieux qu'un, pour le coup. Mais qui s'en plaindrait?
*Indice de
satisfaction:
*2h36 - américain - by David Fincher - 2007
*Genre: Attrappe-moi si tu peux...
*Les + : Un thriller sombre et dense, dans lequel évolue une pléiade d'acteurs impeccables. Fincher tire les ficelles avec brio.
*Les - : Peut sembler long (le fait est qu'il l'est). Attention à ne pas relâcher son attention: beaucoup de détails à enregistrer.
*Lien: Fiche Film Allocine
*Crédits photo: © Warner Bros.