Finale de la Coupe d’Europe des Clubs Champions 1985
JUVENTUS TURIN 1-0 LIVERPOOL FC
Platini 57e (sp)
Bruxelles, Belgique
29 mai 1985
Stade du Heysel
Arbitre : M. Daina (SUI)
Ce jour qui devait être une fête pour tous les passionnés de football, d’Italie, d’Angleterre ou d’ailleurs, a tourné au cauchemar.
Cette finale avait sur le papier tout pour être magnifique. D’un côté, les tenants du trophée 1984, le Liverpool FC, vainqueur l’année précédente au Stadio Olimpico de l’AS ROMA (1-1, 4 tàb à 2). De l’autre, la Juventus de Turin, qui la même année, remportait la Coupe des Vainqueurs de Coupes aux dépends du FC PORTO (2-1) au Sankt-Jakob Stadion de Bâle.
Il faut remonter à l’année précédente pour tenter de comprendre les débordements dramatiques de cette rencontre, même si les évènements survenus lors de la finale à Rome n’expliquent pas tout.
Le 30 mai 1984, Liverpool remporte donc la Coupe face à l’AS Roma, qui plus est, sur le terrain de cette dernière. Les Scousers fêtent la victoire de leur équipe à la sortie du stade. Quelques dizaines d’entre eux sont alors pris à partie par des Ultras romains, les obligeant à mettre, de manière précipitée, un terme à leur joie de champions. Certains sont poursuivis, insultés et bousculés. D’autres seront frappés à coups de barre de fer. Une situation, qui d’après les médias locaux, était prévisible voire préparée. Les cars prévus pour ramener les britanniques à leurs hôtels partaient sans leurs passagers, de peur de se faire caillasser, laissant sans aucuns moyens de fuir les supporters liverpuldiens. Les anglais les plus bouillants se mêlent alors à la bataille.
Peu d’écho finalement de cette affaire, les faits s’étant produits en dehors de l’enceinte sportive.
Malheureusement, le hasard de la compétition a voulu que Liverpool affronte une nouvelle fois en finale l’année suivante, un club italien. Il semblerait que nombre de groupuscules britanniques avaient prévu de longue date de se venger, d’une manière ou d’une autre. Ainsi, des gangs de Millwall, Newcastle ou Luton auraient traversé la Manche, non pas pour laver l’affront fait au Reds, mais bien à l’Albion toute entière.
En ce soir du 29 mai 1985, le temps est beau et chaud. Beaucoup plus chaud quand on a bu.
60 000 personnes se pressent dans le stade. Les tribunes se garnissent, les places assises ne se trouvent que dans les tribunes principales. Les virages en sont dépourvus. Les spectacle se suit debout, éventuellement accoudé à quelques balustrades.
1h30 avant le début de la rencontre, des mouvements de foule se font sentir. Les supporters anglais (zone X) sont séparés d’une tribune mixte (bloc Z, composé de supporters neutres et italiens) par une clôture et un vide d’une quinzaine de mètres.
La tribune Z ne devait au départ qu’être composée de spectateurs belges ou sans identification particulière à un club. Les demandes en billets ayant été tellement importantes du côté transalpin, l’organisation a lâché un peu de lest en installant des Tifosi dans cette tribune.
La rancœur, l’alcool, la bêtise qui enflaient depuis de longues heures finissaient par exploser.
Les Hooligans britanniques faisaient sauter la grille de séparation et se ruaient sur les spectateurs massés au Bloc Z. Les quelques gendarmes postés là n’y pouvaient rien.
Sous cette pression, les italiens et belges présents descendent vers le bas de la tribune, séparée du terrain par un muret et du grillage, les issues menant à la pelouse sont fermées. Il n’y a pas d’issue et des centaines de personnes se tassent sous la poussée. Certains sont soulevés, d’autres piétinés, écrasés.
Les autorités trop peu présentes ce soir-là sont débordées. Des groupes d’intervention arrivent par le haut de la zone, ce qui a pour effet d’amplifier le phénomène
Des ouvertures sont faites dans le grillage pour évacuer des hommes, des femmes et des enfants terrorisés. On sort des blessés, des gens essoufflés…et les premiers morts. Tout cela en direct à la télé.
A dix ans et pour la première fois je vois des gens mourir en vrai, comme ça, à travers l’écran. Des visages bouffis et bleuis, des corps maltraités.
Le virage d’en-face, composé des groupes de supporters italiens s’excite, les Bianconeri veulent descendre pour aider ou en découdre. Un cordon de police coupe le stade en deux.
Des tentes sont montées à la hâte pour secourir les blessés.
La tribune s’évacue lentement, les tensions s’apaisent dans un climat de guérilla urbaine. Près de 2 heures après, le match aura bien lieu. Les autorités belges ainsi que les instances du football en ayant décidé ainsi… « ç’aurait été pire de ne pas jouer »…
La Juve remportera le match, sur un penalty imaginaire, la faute étant commise quelques cinq mètres avant la ligne.
Plus que la victoire de la Juve, l’Histoire retiendra cette terrible tragédie. Comme elle retiendra plus tard, les noms d’Hillsborough ou de Furiani.
39 morts et plus de 400 blessés.
Les clubs anglais furent condamnés à 5 ans d’interdiction de compétitions européennes.
L’Angleterre livrera 24 hooligans à la justice belge. 10 d’entre eux seront relâchés faute de preuve et 14 seront condamnés à 18 mois ferme.
Le capitaine de gendarmerie belge en charge de l’évènement prendra 9 mois avec sursis.
6 mois de sursis pour le secrétaire de l’Union belge de Football, reconnu coupable de laxisme.