Disons que j'ai une semaine pour souffler avant les rattrapages, que le soleil est de retour, que les journées sont plus longues, plus détendues. Ce n'est peut-être que de la poudre aux yeux, mais ça fait du bien. Et en même temps, je suis un peu perdu.
Voilà, c'est dit.
En ce moment, j'écoute beaucoup Donovan. Celui qui ai souvent considéré comme un Dylan chewing-gum et anglais, a quand même signé de très belles chansons. Il faudra attendre un peu pour "Mellow Yellow" ou "Sunshine Superman", je ne suis pas encore dans ma phase bucolique. Je ne suis pas encore à boire des citronnades dans l'herbe fraichement coupé (mais ça viendra). Non, pour l'instant, je me contente de "Turquoise", "Atlantis", "Colours", des ritournelles inoffensives, mièvres, mais parfaite pour accompagner ces cigarettes à la fenêtre, cette attente paisible, pour ce mois de mai où je fais parfois l'inverse de ce qu'il me plaît, mais je le fais pour mon bien. La tronche d'elfe de Donovan, son harmonica chevrotant, c'est un vrai confort, un cocon dans lequel on se sent vachement bien.
Même chose avec Paul Simon. Quand il est avec Garfunkel, je l'aime beaucoup. "The Only Living Boy In New York" et "Bookends" sont parmis mes chansons favorites de tous les temps. Mais en solo, il a signé de bien belles choses lui aussi. Son premier essai, qui porte son nom, et sa tête encapuchée, est un délice. De la pop comme on en fait plus (mais on sait bien la recycler), un mélange de world music et de folk délicate. Du reggae sur "Mother & Child Reunion", une flûte de pan sur "Duncan". Et "Me & Julio Down at the Schoolyard", juvénile, sautillant. Tout cela trouvera dix ans plus tard son paroxysme sur "Graceland", acte de naissance de l'afro-pop si chère à Vampire Weekend et compagnie.
Plein de choses réconfortantes tournent tranquillement sur ma platine, plein de choses inquiétantes tournent méchamment dans mon esprit, mais je sais que je vais aller mieux, je le sais.