La chercheuse et philosophe fait une petite histoire de la mode et de ceux qui la suivent (p.29) et conclut au phénomène de la mode comme industrie du spectacle et de la communication (p. 56). A la lumière d’une grille de lecture marquée par les analyses de Debord et de Barthes, se trouve en effet le portrait de notre société du spectacle où l’on se met plus que jamais en spectacle par la mode.
J’ai retrouvé au fil des pages le paradoxe extrêmement fort entre fast fashion et sustainable fashion. Sans aborder dle thème de la mode durable ou du textile bio/équitable, les lignes de Mondzain sur l’usure et la réparation des vêtements ont résonné en moi.
Le recyclage a en effet longtemps été la caractéristique de la majorité désargentée et le tailleur réservé à l’aristocrate. “Pendant des siècles, la pauvreté a ignoré la mode. La misère est conservatrice par nécessité (…) En vérité la mode ne concerne que ceux qui peuvent se changer avant d’avoir usé et progressivement jetteront sans réparer” écrit Mondzain (pp. 48-49). Le prolongement de cette pensée s’inscrit directement dans les tendances recyclage mises en avant par les médias actuellement. Dernier titre en date, le supplément de L’Express :
Avant, recycler était triste, voire miséreux. Ce comportement correspondait à une gestion prolétaire et paysanne de l’usure. La misère était conservatrice par nécessité, et seuls les plus aisés s’offraient le luxe de ne pas attendre que leurs vêtements soient usés pour les changer. La mode ne concernait qu’eux. Or on assiste à une inversion des valeurs. Aujourd’hui, conserver est un comportement paré de toutes les vertus chez les privilégiés – qui ont les moyens d’acheter de belles pièces – tandis que les moins riches sont contraints de jeter rapidement des vêtements de piètre qualité qui s’usent à la vitesse grand V.
Marie-Josée Mondzain dans “Recyclage version luxe“. L’Express Styles, 2 avril 2010
Comme dans un retournement de valeurs, les créatifs culturels se réapproprient le recyclage, même s’ils ont les moyens d’acquérir du neuf. A ceux qui critiquent l’imposition des valeurs opérée par les faiseurs de tendances, répondent les individus enclins à jouer et détourner les codes. La mode comme engagement politique et social davantage qu’économique. A moins que ce soit un engagement à simplement chercher la beauté dans le quotidien…