"It's later than you think and a kiss is a terrible thing to waste"
En 1996, Andrew Lloyd Webber s’associe à l’auteur/compositeur/producteur d’artistes pop comme Bonnie Tyler (Total eclipse from the heart) et Meat Loaf (Bat Out Of Hell), Jim Steinman, une association contre nature pour moi.
Si Jim Steinman est un mélodiste plutôt doué, j’ai toujours trouvé ses textes particulièrement creux et superficiels et ses productions un rien lourdingues.
Basé sur le film anglais du même nom, réalisé par Bryan Forbes, Lloyd Webber et Steinman vont relocaliser cette fable semi-religieuse dans le sud des Etats-Unis, chez les fondamentalistes chrétiens.
En décembre 1996, première de “Whistle Down The Wind”, mise en scène de Harold Prince (Evita-The Phantom Of The Opera), mais malgré le support d’une énorme campagne de pub, le spectacle doit fermer après une semaine et la première à Broadway est annulée, vu les critiques désastreuses.
Andrew Lloyd Webber est alors sur le point de connaître un flop retentissant.
Il vire Harold Prince, décide de retravailler la partition et retrouve son West-End chéri qui lui a toujours permis de trouver le succès quand celui-ci lui faisait faux bond aux Etats-Unis (Starlight Express-Aspects Of Love-Sunset Boulevard).
Juillet 1998, “Whistle Down The Wind” 2e version, mise en scène de Gale Edwards, ouvre à l’Aldwych Theater de Londres.
Marcus Lovett joue “The man” et Lottie Mayor “Swallow”.
Encore une fois, Andrew Lloyd Webber joue le forcing en inondant le marché de publicités pour son spectacle et en multipliant les apparitions télévisées, la plupart du temps en duo avec Lottie Mayor.
Pourtant Lloyd Webber ne semble pas avoir confiance dans son spectacle et va enfoncer le clou histoire de plaire à un maximum de fans de tous âges et de tous horizons :
Un disque compilation des meilleurs titres du spectacle, interprété par des chanteurs venu de l’univers Steinman (Bonnie Tyler, Meat Loaf), de vieilles connaissances d’Andrew (Michael Ball, Donny Osmond ou Elaine Paige) ou encore plonge carrément dans la pop 60’s (Tom Jones-Everly Brothers), 80’s (Boy George) ou 90’s (le boys band Boyzone et Tina Arena).
Résultat : un album bâtard où le bon côtoie le pire.
Vaults of heaven (Tom Jones & Sounds Of Blackness)
Whistle down the wind (Tina Arena)
No matter what (Boyzone)
If only (Elaine Paige)
When children rule the world (Donny Osmond)
Cold (Everly Brothers)
A kiss is a terrible thing to waste (Meat Loaf)
Try not to be afraid (Boy George)
Wrestle with the devil (Sounds Of Blackness)
Tire tracks and broken hearts (Bonnie Tyler)
Unsettled scores (Michael Ball)
Whistle down the wind (Lottie Mayor & Andrew Lloyd Webber)
D’abord le bon :
Les vétérans du théâtre anglais sont exceptionnels : Elaine Paige (Evita, Chess, Cats, Sunset Boulevard), Donny Osmond (Joseph) qui continue dans le même ton avec sa chanson pour enfants et l’exceptionnel Michael Ball (Les Misérables, The Phantom Of The Opera, Aspects Of Love).
Je ne suis pas fan de Meat Loaf ni de Bonnie Tyler, mais je reconnais que leurs versions de “Tire tracks and broken hearts” et de “A kiss is a terrible thing to waste” sont plutôt musclées et bien produites.
La chanson “Tire tracks and broken hearts” s’appelait “English girls” lorsqu’elle était chantée par Bernadette Peters en 86/87 (Song And Dance).
La chanson des Everly Brothers, “Cold” apparaît en version tronquée dans la comédie musicale, et c’est plutôt agréable d’avoir la chanson complète.
Lottie Mayor possède un très joli grain de voix et cette version dénudée de “whistle down the wind” accompagnée simplement au piano par Andrew Lloyd Webber ne manque pas de charme.
A jeter : Tom Jones, Tina Arena (au secours !!!), Boyzone (au secours 2!!) et Boy George (au secours 3!!!).
Boyzone sera néanmoins numéro 1 en Angleterre avec leur version de "No matter what", même si c'est une pâle copie de la version du show.
© Pascal Schlaefli