Crise ? Waka foutr’ l’argent par les f’nêtres !

Publié le 19 mai 2010 par H16

Quel bruit, exactement, peut faire des centaines de milliers d’euros quand on les balance par la fenêtre et qu’ils retombent, en pluie large et abondante, sur le pavé ? Le très officiel Service de Propagande du Gouvernement vient de répondre à la question: claquer des milliers d’euros pour des bouffonneries en temps de crise, ça fait « wakaaaaa ».

Et pour s’en convaincre, il suffira de se rendre sur ce site pour comprendre l’ampleur de la moquerie de visage déchaînée auquel nous invite ce gouvernement qui ne nous épargnera donc absolument rien.

Croyant sans doute s’adresser à des jeunes au moyen d’un médium qu’il ne maîtrise définitivement pas, n’ayant même pas la présence d’esprit de contacter les rares potiches muses électroniques pourtant très disponibles, qui fricotent des trucs et des machins à la Prospective et au Développement de l’Economie Numérique et des Roudoudous Qui Font Pouic, ce gouvernement s’est donc encore, oui, encore une fois, lancé dans une dispendieuse communication pour les djeunes.

Couleurs acidulées, hébergement un peu mou, plateforme Skyblog hype, fashion mais en perte de vitesse, messages branchouilles, tout y est. Jugez par vous-même : je voulais faire une caricature, mais une simple copie d’écran se suffit à elle-même pour déclencher une hilarité modérée.

Modérée, parce que bon, tous ces petits mickeys numériques pondus à grands frais par de frétillants communicants dans un bain de jouvence numérique et artificielle, ça finit par agacer.

C’est maintenant le deuxième site en un mois, produit par la même phalange de crétins, sur sensément exactement le même thème, sur la même plateforme Skyblog, avec les mêmes moyens, et à destination de la même population, à savoir les jeunes de 15 à 25 ans. A ce dernier sujet, je trouve que cet acharnement à vouloir à tout prix papouiller du jeune en ligne, de loin, on dirait presque de la pédophilie.

En effet, les coûteux comiques nous ont rafraîchi les neurones, le 21 avril dernier, en présentant en fanfare le fameux site La Grande Consult’ (apostrophe de rigueur, c’est plus tip top dans le mouv’, yeah). On se souvient que j’avais modérément goûté l’obstination insupportable de cette façon de s’adresser aux gamins en abaissant leur niveau avec une orthographe et une grammaire cachectique, et en leur demandant leur avis alors qu’au vu du ratio signal/bruit de la tentative, on n’est pas prêt d’en tirer le moindre enseignement valable.

Et là, paf, les cons sont lâchés. A nouveau. Pénible répétition d’une crétinerie déjà tentée.

La première fois, on se dit « Errare humanum est » et on passe son chemin. La seconde fois, on se dit que « Perseverare diabolicum« , tout de même merde à la fin, et on se prépare mentalement à la troisième fois, histoire d’être certain qu’on assiste bien là à un véritable sabotage en règle de l’argent du contribuable et de la communication institutionnelle du gouvernement.

Je m’interroge : quand verra-t-on un site dédié aux plus de 60 ans pour leur parler de leurs problèmes, de leur sexualité, de leurs besoins, et s’enquérir s’ils kiffent trop la Star’ac, pardon, s’ils guinchent vraiment Question pour un Champion ?

Je m’interroge derechef : pourquoi deux fois Skyrock ? Y aurait-il des intérêts cachés ? Sous-sous, où allez-vous ? Sont-ils infoutus de monter un blog, ou même un vague truc qui permettrait de faire leur communication mono-directionnelle au point de devoir s’adresser à une telle plateforme ? Au passage, c’est une vraie question : rares sont en effet les blogs institutionnels ou de personnes politiques qui ne leur foutent pas la honte (et je ne rappellerai pas les tentatives à hurler de rire de certaine socialiste ex-future présidente ex-future première secrétaire).

Mais plus symboliquement, ces deux sites, coup sur coup, sont la marque indélébile (et débile) que le temps passe et la déconnexion du pouvoir avec le peuple est totale : le premier site est pourri, sans intérêt et complètement à côté de la plaque ? Peu importe : on en remet une couche. Même lorsque, pourtant, la blogosphère se marre et se moque, on n’en tient pas compte.  On est, ici et très clairement, dans la volonté de continuer à occuper un terrain sur lequel on est le seul à jouer, en s’agitant de plus en plus pour faire croire à une foule. Et peu importe les remarques, les critiques : on continue.

Ça rappelle furieusement quelqu’un, ailleurs, dans un autre palais.

Ça rappelle furieusement une autre époque, aussi.