Quand le Calva se moque de l’alcool de la Vodka

Publié le 21 mai 2010 par H16

Tiens, le PS a eu une idée. Et c’est de l’idée en béton armé : on va tout faire comme d’habitude. Deux fois. Avec beaucoup de sauce.

Après de mûres réflexions et un silence opaque pendant ces derniers mois, le Parti Socialoïde a fini par proposer quelque chose concernant la réforme des retraites.

Pour ceux qui ne s’en souviendraient pas, le système de retraite français, entièrement basé sur la répartition, marche si bien qu’on le réforme tous les deux ans à grands coups de débats nationaux agités, de cris, de larmes et de vitupérations politiciennes. Il marche si bien qu’il ajoute déficit sur déficit depuis plusieurs années. Il marche si bien qu’il est chaudement recommandé par tous les autres pays du monde qui s’empressent de ne pas le copier. Et il marche si bien que toutes les huiles du gouvernement et de l’opposition se sont penchés à son chevet dès que les signes d’une petite toux et d’un début de fluxion se sont fait sentir.

Fébrilité, agitation, nervosité sont donc les termes qui reviennent le plus souvent dès qu’il est question des retraites en France et on comprend très bien pourquoi la dame Aubry se sera bien gardée de lancer des propositions à la va-vite il y a deux mois, alors que tout le monde semblait prendre conscience qu’un chouilla de début de soupçon de petit souci commençait à poindre pour l’avenir des pensionnés du pays.

En outre, on se souvient que, pendant que Martine réfléchissait très fort avec ses petits coopains, Eric Woerth sortait l’artillerie lourde pour nous pilonner de ses idées lumineuses sur la retraite, la société citoyenne responsable et les petites papouilles qu’on se devrait de faire intergénérationnellement parlant.

Mais devant une telle masse de propositions savamment dosées et si puissamment pensées, le Parti Socialade ne pouvait pas rester muet. Et mercredi, Martine a cogné. Comme dit en introduction, c’était du lourd, du dur, du méchant. On refait comme d’habitude : on va augmenter les impôts.

Et pour justifier cette crépitation frénétique d’impôts tous azimuts, on entonnera l’antienne indéboulonnable de La Retraitassoissantans, posée comme principe d’airain de la République Une et Indivisible, lumière du monde moderne, en 1981, et par Tonton lui-même.

Concrètement, il s’agira donc de taxer le capital, imposer les riches, taxer les riches et imposer le capital.

Et comme le dit Martine, «On ne dit pas que c’est facile. On dit qu’il y a un vrai problème mais qu’il ne faut pas le dramatiser». D’ailleurs, aucune raison de dramatiser de nouvelles ponctions, même si elles seront très insuffisantes pour combler les trous abyssaux qui se forment chaque minute dans les comptes sociaux. Aucune raison de faire paniquer les salauds de riches qui vont payer : ceux qui ont des assurances vie, ceux qui ont un intéressement dans leur société, ce sont tous, forcément, des (salauds de) riches. En plus, ça tombe bien : avec ces définitions, ils sont des dizaines de millions. Population nombreuse, ponction notable : plein de sous-sous dans la popoche, et les retraites seront sauvées.

Au moins jusqu’en 2025.

Un système par répartition qui fonctionne donc très bien et qu’on doit réparer une fois tous les trois ans et dont l’espérance de vie une fois le patch appliqué est de 15 ans. Peut-être.

Ce serait une centrale nucléaire, on comprendrait la nervosité des gens chargés d’aller y travailler.

Mais ce n’en est pas une. En réalité, d’après le gouvernement, c’est plutôt une bombe atomique. Dans le style inénarrable de l’actuel auteur de fictions pour enfants et anciennement ministre du travail, cela donne :

«Nous sommes favorables à des ressources supplémentaires mais la proposition du parti socialiste est un choc fiscal sans précédent, c’est 20, 30, 40 milliards d’euros de fiscalité et de cotisations en plus»

On appréciera la précision millimétrée de la déclaration : entre 20 et 40 milliards (plus ou moins 50%) d’impôts en plus. Et à coups de 20 milliards par ci, 40 milliards par là, rapidement, on parle gros sous.

Tout ceci est fort drôle.

D’une part, d’un côté comme de l’autre, on sent l’agitation prendre comme une mayonnaise savamment secouée : l’enjeu des prochaines élections présidentielles est à l’esprit de chacun de ces gentils clowns qui ne comprennent dans l’urgence de la réforme que son côté politique et les bénéfices électoraux qu’ils seraient capables d’en retirer.

Il va de soi qu’avec de telles « réformes », tant pour la droite que pour la gauche, on ne résout pas le problème et ils en conviennent tous : dans quelques années, on devra remettre ça, comme d’habitude. Autrement dit, c’est un mauvais moment à passer, plusieurs fois. Mais, et c’est là l’important pour nos bivalves en charge, les bidouilles et petites décorations à la marge permettront à l’édifice, pensent-ils, de tenir au moins jusqu’en 2012. Ils sont sauvés.

Après cette date, peu importe, les jeux seront faits.

D’autre part, il est piquant d’entendre les cris d’orfraie des ministres devant les propositions du PS, pleurnichant sur l’avalanche de taxes et d’impôts qu’elles explicitent ou sous-entendent, alors que, depuis trois ans, c’est une véritable foire à la taxe facile, un festival d’impôts nouveaux et une déroute budgétaire qui donne une assez bonne appréciation de leur capacité naturelle à gérer une tire-lire.

Comme le résume assez bien un éminent blogueur dans un billet fourre-tout, ce sont « Des arguments petits de la part de gugusses qui ont créé 19 taxes en trois ans (peut-être un peu moins, leurs textes sont généralement recalés par le Conseil Constitutionnel). »

Bref : tout s’additionne pour peindre un tableau sans équivoque.

À droite comme à gauche, les politiciens se moquent du peuple qui, pourtant, continue de voter un peu pour eux : ils n’ont aucune solution pratique et opérationnelle pour réparer correctement et en profondeur un système pourri jusqu’à l’os ; ils savent pertinemment que les patchs et autres cautères qu’ils veulent appliquer ne permettront au cancéreux de ne tenir qu’une paire d’années au mieux ; et ils continuent, sans la moindre vergogne, à ne viser qu’une seule échéance: celle qui leur permettra de continuer à vivre au frais de la princesse avec la caution démocratique.

C’est pathétique.