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Boire un petit coup (tout petit)

Publié le 17 mai 2010 par Gommette1

Depuis les années 90, les apéros géants qui se pratiquent dans quelques villes d’Europe, sont un cauchemar pour les autorités. Quoi faire ? Les restreindre, les interdire, les surveiller, les encadrer ? Le jeune homme qui est mort à Nantes dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, tombant dans le vide depuis la balustrade d’un pont, va être la bonne occasion pour le législateur de réagir.

Ils étaient près de 9 000 sur la place Royale nantaise pour faire tchin ! tchin ! Entourés par cent soixante-dix policiers, une centaine de pompiers, une cinquantaine de secouristes : une mobilisation qui n’a pas suffit à calmer l’exaltation des fêtards dont une poignée a été arrêtée pour dégradations et violences. Plus un mort donc.

Ces fêtes improvisées via des réseaux communautaires sont le reflet d’une société ouverte et fermée à la fois : le virtuel ne crée pas de lien assez fort au point de se passer de contact physique, de rencontre, et en fait, il peut davantage isoler que rapprocher. Le but de ces apéros géants n’est pourtant pas de tourner à la beuverie généralisée, mais à l’échange festif, à la communion sur l’espace public, une forme de sacralisation symbolique qui soude les individus. Sans tomber dans l’ivresse éthylique de certains, l’alcool est le facilitateur qui désinhibe et rapproche plus aisément.

En dehors de l’attraction d’un mouvement collectif, la sociologue Véronique Nahoum-Grappe (Vertige de l’ivresse, Descartes & Cie 2010) voient d’autres facteurs qui expliquent ces rassemblements pouvant tourner au « binge drinking » : l’envie de transgression (l’ivresse publique est punie par la loi), la loi anti-tabac qui empêche de se retrouver dans des lieux publics, et une configuration urbaine avec de vastes espaces piétonniers qui permettent de se rassembler en masse.

Et j’y ajouterai un dernier : dans une société contrariée et contrariante, la soûlographie est une attitude pour échapper à la dureté des temps, l’instant de la griserie. Dans une société qui ne s’invente plus d’avenir : alcool, drogues et psychotropes viennent brouiller le réel. 


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