Le livre d’Hélène Castel a surgi comme une réponse ; la préface de Nancy Huston donnait le ton : Hélène Castel est une erreur, une merveilleuse erreur. L’oxymore n’est pas superflu. Car cette arrestation qui finalement aurait pu ne jamais avoir lieu permet en fin de compte à cette femme de retrouver l’identité qu’elle a abandonnée.
L’affaire est orchestrée par la police et les médias, superposant l’image d’une terroriste à celle d’une thérapeute stable offrant un soutien actif à ses patients. C’est aussi une femme forte, intelligente, capable de remise en cause, et surtout de mettre du sens à ce qui lui tombe sur la tête.
Ce n’est pas la prison qui favorise ce travail, surtout la prison française, abrutissante, synonyme de déchéance et contraignant au blindage. Quelle force de caractère, quelle intelligence il faut avoir pu conserver intactes pour arriver au procès en ayant encore une possible défense, au moment d’entrer mal nourrie, mal lavée et mal reposée, et puiser dans le bagage intellectuel qui subsiste les mots qui feront la différence. Car alors seuls les mots peuvent sauver.
La prison accule au bilan et sera l’occasion d’une forme de résurrection. Sans l’épreuve du jugement Hélène Castel serait restée à jamais coupable. La voici de nouveau réellement libre, et sans doute grandie.
Son épreuve aurait pu se dérouler dans une clandestinité comparable à ce qu’était sa seconde vie, au Mexique ; elle fait le choix de l’exposer, de l’analyser et d’en tirer toutes les leçons. Son livre est comme un cadeau à tous ceux qui croiraient qu’il soit préférable d’échapper à son destin.
Plus récemment j'ai vu le film de Jacques Audiard, Un prophète, qui témoigne d'une autre facette de la violence de l'univers carcéral, surtout quand on n'a pas comme Hélène Castel, les mots pour mettre du sens là où il n'y en a pas.
Retour d'exil d'une femme recherchée d'Hélène Castel, au Seuil