où le point de rencontre des deux branches de la croix
août ne fut est sera cette année-là qu’un mois terrible
avec des jours plus noirs que des nuits quand midi quand l’aube
quand le crépuscule pendant lesquelles nuits j’expire
pendant lesquels jours j’inspire je soupire et transpire
je respire mal vingt-quatre heures durant j’aspire à
poitrine dégrafée cœur nu qui bat la démesure
que je me dégage enfin de cette intrigue amoureuse
qui m’a piégé bête sauvage n’y ayant pris garde
par le travers d’une si folle errance en luberon
silence j’examine la situation silence
que mes poèmes la solution de moindre assistance
les êtres humains me firent énormément défaut
dont elle qui je faisais un pas reculait de deux
et les branches de la croix à chaque fois oscillaient
que j’eusse été ravi qu’elles trébuchent sur ma gueule
déjà bâtie de travers elle eut été corrigée
nuit de pleine lune
tu devais venir
car c’était promis
j’avais bu pourtant
je me tenais droit
comme un i et mieux
au haut du rempart
où j’étais le point
que tant de poètes
n’ont fait que chanter
et que faire d’autre
mais à moi aussi
tu t’es dérobée
mon texte est bâtard
qu’ils daignent le lire
ceux qui vont souffrir
tout en rigolant
me zieutant de haut
de me voir bien bas
tout en palabrant
me zieutant de bas
de me voir bien haut
qui toi l’horizon
…
in où le point de rencontre des deux
branches de la croix, vol.3 (pp. 13/14)
*
où le point de rencontre des deux branches de la croix
ouais ce poème si on peut l’appeler un poème
mais poème parce que moi je l’appelle poème
ce poème dérive au large il est mon testament
il résume à ce jour bien tout ce en quoi j’ai semblé croire
et pourtant il efface tout mon inepte passé
d’une gomme d’encre crayon par laquelle je m’acharne
ma ô carcasse était solide elle tremble déjà
ma tête se détourne des couleurs de l’avenir
mes mains tiennent la plume encore pourtant elles tremblent
s’agrippent à l’une des trois machines à écrire
à quoi bon persister on te refoule de partout
tu as choisi l’écriture inutilité suprême
car plus personne dans notre société ne sait lire
et pourtant ta dernière espérance on dirait atteinte
t’être fait superbe cataloguer homme de lettres
dans les pages jaunes annuaire des téléfones
de la loire but atteint maintenant tu peux te taire
le premier état de mon poème
disait tout précision effarante
angoisse sombre du ridicule
poète de la peine à s’y faire
car sinon tu ne serais pas poète
et la morale de l’amorale
et l’amorale de la morale
patauge dans les lieux communs frère
la société hein reconnaissante
de tes dires malsains qu’elle étouffe
été bousculé sans m’y attendre
dans le présent monde sanguinaire
des chantres de la chose amoureuse
quand plus tard je me suis rendu compte
que l’affaire n’était pas simple
eux qui travaillaient avec leur tête
l’apport du sexe étais sous-jacent
j’ajoutais le poids de ma carcasse
je me voulais complet envers cette
fille tailleur juif complet trois pièces
encore l’audace m’a perdu
ne me rétracte pas ma queue si
regrette rien si mes amygdales
que sur l’éclaircie providentielle
l’ombre planer je ne brille plus
autour de moi on se sent à l’aise
autour de moi je vis dans le monde
qui chante gloire au père éternel
dès que je mouche un mauvais coup bas
et au refrain
pendant ce temps
l’autre zieutait
pur la madone
mais n’osant pas
trop l’approcher
il se tapait
sur la colonne
ah nom de dieu
ce qu’il s’est fait
profond couiller
sache
que
j’ai
pour
toi
aus
si
peu
d’es
ime
que
tu
en
as
pour
le po
ète
dans la première partie dite partie blanche
de ce poème où je résume mes croyances
maintenant foutue au feu purificateur
j’avais mis le paquet je disais ma souffrance
mais dans la partie noire j’exulte hosanna
esprit âme cœur sont redevenus sereins
je ne raconte plus cette dernière affaire
que comme une bien bonne histoire à raconter
entre commis voyageurs
gourmands de gaudriole
in où le point de rencontre des deux
branches de la croix, vol.6 (pp. 35 à 37)
par Jean-Pascal Dubost
Bio-bibliographie d’Henri Simon Faure
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