Christine Vernay nous parle de ses vins sous le regard complice et admiratif de Stéphane Derenoncourt…
Fille de Georges Vernay, celui qui a su marquer l’histoire de Condrieu, puisqu’on lui doit d’avoir sauvé cette appellation, elle s’est d’abord lancée dans l’enseignement des Lettres à l’ENA avant de reprendre le domaine familial en 1996.
Il s’agit d’un domaine des Côtes du Rhône septentrionales, fondé par son père Georges en 1953, à une époque il fallait beaucoup de courage pour repartir à l’assaut de cette appellation ; au point qu’on le traitait un peu de « fou », car alors plus aucune vigne n’était entretenue et surtout pas replantée. En raison de l’industrialisation de la Vallée du Rhône, la main d’œuvre se trouvait de l’autre côté du Rhône où les gens préféraient aller travailler.
A l’inverse, lesCoteaux étaient très difficiles à travailler et ont donc été abandonnés. Georges Vernay avait cette certitude qu’il y avait un terroir qu’il devait sauver et un vignoble qu’il devait pérenniser.
Il ne faut pas oublier que le viognier est un cépage dont le berceau est Condrieu
Pour donner des chiffres, en 53, il n’y a que 5 à
6 ha
de viognier dans le monde !
Dans les années 1980, il est un renouveau et un retour des jeunes sur le vignoble qui s’étend alors sur
30 ha
et aujourd’hui c’est 150 ha ! Un mouchoir de poche pour autant au regard d’autres plantations.
La prise de décision de retourner au vignoble pour Christine s’est avérée être un défi ! mais les défis dans la famille Vernay, c’est congénital ! En 1996, Georges, le père prend sa retraite…
Figure emblématique de Condrieu, prestige acquis dans le monde du vin, Christine se sent plus que jamais sa fille : « on est toujours les enfants de ses parents ! », raconte-t-elle. « C’était mon père qui était le président de l’Appellation pendant 30 ans, c’était LE personnage ; aussi le jour où mon père a émis l’idée de se retirer alors que la suite n’était pas assurée, j’ai trouvé que je devais reprendre l’exploitation, le domaine… »
La première vinification a été menée en 1997. Évidemment beaucoup de stress ! Mais en même temps c’est une découverte faite non pas d’insouciance seulement mais aussi d’une forme d’inconscience, comme lorsqu’il n’est aucune certitude de réussir. Il faut se jeter à l’eau.
Christine est alors à la recherche permanente de la qualité et de l’excellence, espère conduire le vignoble comme l’entendait son père, pour pérenniser le style Vernay, le style Condrieu… Elle refuse d’entendre que l’on dise : « là ! c’est le style Christine Vernay… »
Eventuellement sur les rouges on pourrait néanmoins le penser, car elle s’est plus appliquée à avoir un style qui correspond à une autre idée qu’elle avait de la Côte-Rôtie…, mais surtout sans aller à l’encontre de celle de son père…
Le Domaine Vernay compte aujourd’hui 18 ha répartis sur trois appellations : Condrieu dont 3 hectares de vieilles vignes donnent naissance aux "Coteau de Vernon" et "Les Chaillées de l'Enfer", Côte-Rôtie sur 3 ha, Saint Joseph sur 1,5 ha
Il est aussi un vin de Pays…sur 5 hectares en vins de pays Syrah et Viognier.
Le viognier et la syrah sont les seuls cépages cultivés…
Le Pied de Samson 2008, Vin de Pays des Collines Rhodaniennes…
Le verre dispense des notes florales intenses, de camomille entre autres, une belle fraîcheur de fruits ; pêche, melon et abricot… Éventuellement quelques impressions de bergamote.
La bouche est en attaque douce, remplissant d’une fluidité et d’une belle ampleur accordée initialement par le gras mais dotée plus spécifiquement d’une matière riche, savoureuse et accorte, presque aérienne en raison d’une acidité qui sait se manifester très progressivement, pour profiler plus nettement encore le goût des fruits jaunes jusqu’à une finale qui les accueille très longuement…et sur quelques résurgences d’amers agréables…
Joli vin…
Le nom de cette cuvée provient de la légende du Pilat, le mont à côté de Condrieu. Il semblerait que des deux côtés du Rhône Samson aurait posé le pied, un pied en Isère et l’autre dans le département du Rhône …
Isabelle